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Aussi Dinah disait - elle à Lousteau de ces magiques paroles accompagnées d' expressions , de ces regards plus magiques encore que toutes les femmes trouvent alors . " Tue - moi quand tu ne m' aimeras plus . - Si tu ne m' aimais plus , je crois que je pourrais te tuer et me tuer après .
" à ces délicieuses exagérations , Lousteau répondait à Dinah : " Tout ce que je demande à Dieu c' est de te voir ma constance . Ce sera toi qui m' abandonneras ! ... - Mon amour est absolu ... - Absolu , répéta Lousteau .
Voyons ? Je suis entraîné dans une partie de garçon , je retrouve une de mes anciennes maîtresses , elle se moque de moi , par vanité , je fais l' homme libre , et je ne rentre que le lendemain matin ici ... M' aimerais - tu toujours ? - Une femme n' est certaine d' être aimée que quand elle est préférée , et si tu me revenais , si ... oh ! tu me fais comprendre le bonheur de pardonner une faute à celui qu' on adore ... - Eh bien , je suis donc aimé pour la première fois de ma vie ! s' écriait Lousteau .
- Enfin , tu t' en aperçois ! " répondait - elle .
Lousteau proposa d' écrire une lettre où chacun d' eux expliquerait les raisons qui l' obligeraient à finir par un suicide ; et , avec cette lettre en sa possession , chacun d' eux pourrait tuer sans danger l' infidèle .
Malgré leurs paroles échangées , ni l' un ni l' autre ils n' écrivirent leur lettre .
Heureux pour le moment , le journaliste se promettait de bien tromper Dinah quand il en serait las , et de tout sacrifier aux exigences de cette tromperie .
Pour lui , Mme de La Baudraye était toute une fortune . Néanmoins , il subit un joug . En se mariant ainsi , Mme de La Baudraye laissa voir et la noblesse de ses pensées , et cette puissance que donne le respect de soi - même .
Dans cette intimité complète , où chacun dépose son masque , la jeune femme conserva de la pudeur , montra sa probité virile et cette force particulière aux ambitieux qui faisait la base de son caractère .
Aussi Lousteau conçut - il pour elle une involontaire estime . Devenue Parisienne , Dinah fut d' ailleurs supérieure à la plus charmante lorette : elle pouvait être amusante , dire des mots comme Malaga ; mais son instruction , les habitudes de son esprit , ses immenses lectures lui permettaient de généraliser son esprit ; tandis que les Schontz et les Florine n' exercent le leur que sur un terrain très circonscrit .
" Il y a chez Dinah , disait Étienne à Bixiou , l' étoffe d' une Ninon et d' une Staël .
MUSE DU DEPARTEMENT (IV, provinc)
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