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" Je sais ce dont vous êtes capable , Dumay , dit - elle ; mais si vous faites un seul pas vers M . Canalis , j' en fais un hors de la maison où je ne reviendrai jamais !
Vous allez tuer votre mère , mademoiselle " , répondit Dumay qui sortit et appela sa femme .
La pauvre mère s' était évanouie , atteinte au coeur par la fatale phrase de Modeste .
" Adieu , ma femme , dit le Breton en embrassant la petite Américaine , sauve la mère , je vais aller sauver la fille . "
Il laissa Modeste et Mme Dumay près de Mme Mignon , fit ses préparatifs de départ en quelques instants et descendit au Havre . Une heure après , il voyageait en poste avec cette rapidité que la passion ou la spéculation impriment seules aux roues .
Bientôt rappelée à la vie par les soins de Modeste , Mme Mignon remonta chez elle sur le bras de sa fille , à qui , pour tout reproche , elle dit quand elles furent seules : " Malheureuse enfant , qu' as - tu fait ? pourquoi te cacher de moi ? Suis - je donc si sévère ? ...
Eh ! j' allais tout te dire naturellement " , répondit la jeune fille en pleurs .
Elle raconta tout à sa mère , elle lui lut les lettres et les réponses , elle effeuilla dans le coeur de la bonne Allemande , pétale à pétale , la rose de son poème , elle y passa la moitié de la journée .
Quand la confidence fut achevée , quand elle aperçut presqu' un sourire sur les lèvres de la trop indulgente aveugle , elle se jeta sur elle tout en pleurs .

MODESTE MIGNON (I, privé)
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