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Voilà , monsieur , dans toute leur sincérité , les événements de la vie antérieure à celle que je mène ici . Je ne vous ai rien déguisé de mes fautes , elles ont été grandes , elles me sont communes avec quelques hommes . J' ai beaucoup souffert , je souffre tous les jours ; mais j' ai vu dans mes souffrances la condition d' un heureux avenir . Néanmoins , malgré ma résignation , il est des peines contre lesquelles je suis sans force .
Aujourd' hui j' ai failli succomber à des tortures secrètes ; devant vous , à votre insu ... "
Genestas bondit sur sa chaise .
" Oui , capitaine Bluteau , vous étiez là . Ne m' avez - vous pas montré le lit de la mère Colas lorsque nous avons couché Jacques ? Hé bien , s' il m' est impossible de voir un enfant sans penser à l' ange que j' ai perdu , jugez de mes douleurs en couchant un enfant condamné à mourir ? Je ne sais pas voir froidement un enfant .
"
Genestas pâlit .
" Oui , les jolies têtes blondes , les têtes innocentes des enfants que je rencontre me parlent toujours de mes malheurs et réveillent mes tourments . Enfin il m' est affreux de penser que tant de gens me remercient du peu de bien que je fais ici , quand ce bien est le fruit de mes remords .
Vous connaissez seul , capitaine , le secret de ma vie . Si j' avais puisé mon courage dans un sentiment plus pur que ne l' est celui de mes fautes , je serais bien heureux ! mais aussi , n' aurais - je eu rien à vous dire de moi .
"
CHAPITRE V
ÉLÉGIES
Son récit terminé , Benassis remarqua sur la figure du militaire une expression profondément soucieuse qui le frappa . Touché d' avoir été si bien compris , il se repentit presque d' avoir affligé son hôte , et lui dit : " Mais , capitaine Bluteau , mes malheurs ...

MEDECIN DE CAMPAGNE (IX, campagn)
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