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Ces débats insignifiants firent naître dans l' Église gallicane deux partis , celui des jansénistes , et celui des jésuites . Des deux côtés se rencontrèrent de grands hommes . Ce fut une lutte entre deux corps puissants .
Les jansénistes accusèrent les jésuites de professer une morale trop relâchée , et affectèrent une excessive pureté de moeurs et de principes ; les jansénistes furent donc en France des espèces de puritains catholiques , si toutefois ces deux mots peuvent s' allier .
Pendant la Révolution française , il se forma , par suite du schisme peu important qu' y produisit le Concordat , une congrégation de catholiques purs qui ne reconnurent pas les évêques institués par le pouvoir révolutionnaire et par les transactions du pape .
Ce troupeau de fidèles forma ce que l' on nomme la Petite Église dont les ouailles professèrent , comme les jansénistes , cette exemplaire régularité de vie , qui semble être une loi nécessaire à l' existence de toutes les sectes proscrites et persécutées .
Plusieurs familles jansénistes appartenaient à la Petite Église .
Les parents de cette jeune fille avaient embrassé ces deux puritanismes également sévères qui donnent au caractère et à la physionomie quelque chose d' imposant ; car le propre des doctrines absolues est d' agrandir les plus simples actions en les rattachant à la vie future ; de là cette magnifique et suave pureté du coeur , ce respect des autres et de soi ; de là je ne sais quel chatouilleux sentiment du juste et de l' injuste ; puis une grande charité , mais aussi l' équité stricte , et pour tout dire implacable ; enfin une profonde horreur pour les vices , surtout pour le mensonge qui les comprend tous .
Je ne me souviens pas d' avoir connu de moments plus délicieux que ceux pendant lesquels j' admirai pour la première fois , chez mon vieil ami , la jeune fille vraie , timide , façonnée à toutes les obéissances , en qui éclataient toutes les vertus particulières à cette secte , sans qu' elle en témoignât néanmoins aucun orgueil .
Sa taille souple et déliée donnait à ses mouvements une grâce que son rigorisme ne pouvait atténuer ; la coupe de son visage avait les distinctions , et ses traits avaient la finesse d' une jeune personne appartenant à une famille noble ; son regard était à la fois doux et fier , son front était calme ; puis sur sa tête s' élevaient des cheveux abondants simplement nattés , qui lui servaient à son insu de parure .

MEDECIN DE CAMPAGNE (IX, campagn)
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