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- Mon ami , lui dit Genestas , j' ai vu mourir des milliers d' hommes sur les champs de bataille , et la mort n' attendait pas que leurs enfants vinssent leur dire adieu ; ainsi consolez - vous , vous n' êtes pas le seul .
- Un père , mon cher monsieur , dit - il en fondant en larmes , un père qui était un si bon homme !
- Cette oraison funèbre , dit Benassis en dirigeant Genestas vers les communs de la ferme , va durer jusqu' au moment où le corps sera mis dans le cercueil , et pendant tout le temps le discours de cette femme éplorée croîtra en violence et en images .
Mais pour parler ainsi devant cette imposante assemblée , il faut qu' une femme en ait acquis le droit par une vie sans tache . Si la veuve avait la moindre faute à se reprocher , elle n' oserait pas dire un seul mot ; autrement , ce serait se condamner elle - même , être à la fois l' accusateur et le juge .
Cette coutume qui sert à juger le mort et le vivant n' est - elle pas sublime ? Le deuil ne sera pris que huit jours après , en assemblée générale .
Pendant cette semaine la famille restera près des enfants et de la veuve pour les aider à arranger leurs affaires et pour les consoler .
Cette assemblée exerce une grande influence sur les esprits , elle réprime les passions mauvaises par ce respect humain qui saisit les hommes quand ils sont en présence les uns des autres .
Enfin , le jour de la prise du deuil , il se fait un repas solennel où tous les parents se disent adieu . Tout cela est grave , et celui qui manquerait aux devoirs qu' impose la mort d' un chef de famille n' aurait personne à son Chant .
"
En ce moment le médecin , se trouvant près de l' étable , en ouvrit la porte et y fit entrer le commandant pour la lui montrer . " Voyez - vous , capitaine , toutes nos étables ont été rebâties sur ce modèle . N' est - ce pas superbe ? "
Genestas ne put s' empêcher d' admirer ce vaste local , où les vaches et les boeufs étaient rangés sur deux lignes , la queue tournée vers les murs latéraux et la tête vers le milieu de l' étable , dans laquelle ils entraient par une ruelle assez large pratiquée entre eux et la muraille ; leurs crèches à jour laissaient voir leurs têtes encornées et leurs yeux brillants .
Le maître pouvait ainsi facilement passer son bétail en revue .
Le fourrage , placé dans la charpente où l' on avait ménagé une espèce de plancher , tombait dans les râteliers , sans effort ni perte . Entre les deux lignes de crèches se trouvait un grand espace pavé , propre et aéré par des courants d' air .

MEDECIN DE CAMPAGNE (IX, campagn)
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