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Entré là vers l' âge de quatorze ans , au commencement de 1811 , Lambert dut en sortir à la fin de 1814 , après avoir achevé sa philosophie . Je doute que , pendant ce temps , il ait jamais reçu le moindre souvenir de sa bienfaitrice , si toutefois ce fut un bienfait que de payer durant trois années la pension d' un enfant sans songer à son avenir , après l' avoir détourné d' une carrière où peut - être eût - il trouvé le bonheur .
Les circonstances de l' époque et le caractère de Louis Lambert peuvent largement absoudre Mme de Staël et de son insouciance et de sa générosité .
La personne choisie pour lui servir d' intermédiaire dans ses relations avec l' enfant quitta Blois au moment où il sortait du collège . Les événements politiques qui survinrent alors justifièrent assez l' indifférence de ce personnage pour le protégé de la baronne .
L' auteur de Corinne n' entendit plus parler de son petit Moïse . Cent louis donnés par elle à M .
de Corbigny , qui , je crois , mourut lui - même en 1812 n' étaient pas une somme assez importante pour réveiller les souvenirs de Mme de Staël , dont l' âme exaltée rencontra sa pâture , et dont tous les intérêts furent vivement mis en jeu pendant les péripéties des années 1814 et 1815 .
Louis Lambert se trouvait à cette époque et trop pauvre et trop fier pour rechercher sa bienfaitrice , qui voyageait à travers l' Europe .
Néanmoins il vint à pied de Blois à Paris dans l' intention de la voir , et arriva malheureusement le jour où la baronne mourut . Deux lettres écrites par Lambert étaient restées sans réponse .
Le souvenir des bonnes intentions de Mme de Staël pour Louis n' est donc demeuré que dans quelques jeunes mémoires , frappées comme le fut la mienne par le merveilleux de cette histoire . Il faut avoir été dans notre collège pour comprendre et l' effet que produisait ordinairement sur nos esprits l' annonce d' un nouveau , et l' impression particulière que l' aventure de Lambert devait nous causer .
Ici , quelques renseignements sur les lois primitives de notre Institution , jadis moitié militaire et moitié religieuse , deviennent nécessaires pour expliquer la nouvelle vie que Lambert allait y mener .
Avant la révolution , l' Ordre des Oratoriens , voué , comme celui de Jésus , à l' éducation publique , et qui en eut la succession dans quelques maisons , possédait plusieurs établissements provinciaux , dont les plus célèbres étaient les collèges de Vendôme , de Tournon , de La Flèche , de Pont - le - Voy , de Sorèze et de Juilly .

LOUIS LAMBERT (XI, philo)
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