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Les renseignements que Louis Gaston avait donnés au banquier pour envoyer l' argent à Marie Gaston ont servi à la veuve pour trouver l' ancien domicile de ton mari . Comme ton Gaston a disparu sans dire où il allait , on a envoyé Mme Louis Gaston chez d' Arthez , la seule personne qui pût donner des renseignements sur Marie Gaston .
D' Arthez a d' autant plus généreusement pourvu aux premiers besoins de cette jeune femme que Louis Gaston s' était , il y a quatre ans , au moment de son mariage , enquis de son frère auprès de notre célèbre écrivain , en le sachant l' ami de Marie .
Le capitaine avait demandé à d' Arthez le moyen de faire parvenir sûrement cette somme à Marie Gaston . D' Arthez avait répondu que Marie Gaston était devenu riche par son mariage avec la baronne de Macumer .
La beauté , ce magnifique présent de leur mère , avait sauvé , dans les Indes comme à Paris , les deux frères de tout malheur .
N' est - ce pas une touchante histoire ? D' Arthez a naturellement fini par écrire à ton mari l' état où se trouvaient sa belle - soeur et ses neveux , en l' instruisant des généreuses intentions que le hasard avait fait avorter , mais que le Gaston des Indes avait eues pour le Gaston de Paris .
Ton cher Gaston , comme tu dois l' imaginer , est accouru précipitamment à Paris . Voilà l' histoire de sa première course .
Depuis cinq ans , il a mis de côté cinquante mille francs sur le revenu que tu l' as forcé de prendre , et il les a employés à deux inscriptions de chacune douze cents francs de rente au nom de ses neveux , puis il a fait meubler cet appartement où demeure ta belle - soeur , en lui promettant trois mille francs tous les trois mois .
Voilà l' histoire de ses travaux au théâtre et du plaisir que lui a causé le succès de sa première pièce .
Ainsi Mme Gaston n' est point ta rivale , et porte ton nom très légitimement . Un homme noble et délicat comme Gaston a dû te cacher cette aventure en redoutant ta générosité .
Ton mari ne regarde point comme à lui ce que tu lui as donné . D' Arthez m' a lu la lettre qu' il lui a écrite pour le prier d' être un des témoins de votre mariage : Marie Gaston y dit que son bonheur serait entier s' il n' avait pas eu de dettes à te laisser payer et s' il eût été riche .
Une âme vierge n' est pas maîtresse de ne pas avoir de tels sentiments : ils sont ou ne sont pas ; et quand ils sont , leur délicatesse , leurs exigences se conçoivent .

DEUX JEUNES MARIEES (I, privé)
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