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Eh quoi , tu veux asservir et la nature et la société à ton caprice ? Tu restes toi - même , tu ne te transformes point en ce que doit être une femme ; tu gardes les volontés , les exigences de la jeune fille , et tu portes dans ta passion les calculs les plus exacts , les plus mercantiles ; ne vends - tu pas très cher tes parures ? Je te trouve bien défiante avec toutes tes précautions .
Oh ! chère Louise , si tu pouvais connaître les douceurs du travail que les mères font sur elles - mêmes pour être bonnes et tendres à toute leur famille ! L' indépendance et la fierté de mon caractère se sont fondues dans une mélancolie douce , et que les plaisirs maternels ont dissipée en la récompensant .
Si la matinée fut difficile , le soir sera pur et serein .
J' ai peur que ce soit tout le contraire pour ta vie .
En finissant ta lettre j' ai supplié Dieu de te faire passer une journée au milieu de nous pour te convertir à la famille , à ces joies indicibles , constantes , éternelles , parce qu' elles sont vraies , simples et dans la nature .
Mais , hélas ! que peut ma raison contre une faute qui te rend heureuse ? J' ai les larmes aux yeux en t' écrivant ces derniers mots . J' ai cru franchement que plusieurs mois accordés à cet amour conjugal te rendraient la raison par la satiété ; mais je te vois insatiable , et après avoir tué un amant , tu en arriveras à tuer l' amour .
Adieu , chère égarée , je désespère , puisque la lettre où j' espérais te rendre à la vie sociale par la peinture de mon bonheur n' a servi qu' à la glorification de ton égoïsme .
Oui , il n' y a que toi dans ton amour , et tu aimes Gaston bien plus pour toi que pour lui - même .
LIV
DE MADAME GASTON
à LA COMTESSE DE L' ESTORADE
20 mai .

DEUX JEUNES MARIEES (I, privé)
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