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LI
DE LA COMTESSE DE L' ESTORADE
à MADAME MARIE GASTON
1835 .
Que deviens - tu , ma chère ? Après un silence de deux années , il est permis à Renée d' être inquiète de Louise . Voilà donc l' amour ! il emporte , il annule une amitié comme la nôtre . Avoue que si j' adore mes enfants plus encore que tu n' aimes ton Gaston , il y a dans le sentiment maternel je ne sais quelle immensité qui permet de ne rien enlever aux autres affections , et qui laisse une femme être encore amie sincère et dévouée .
Tes lettres , ta douce et charmante figure me manquent .
J' en suis réduite à des conjectures sur toi , ô Louise !
Quant à nous , je vais t' expliquer les choses le plus succinctement possible .
En relisant ton avant - dernière lettre , j' ai trouvé quelques mots aigres sur notre situation politique . Tu nous as raillés d' avoir gardé la place de président de chambre à la Cour des comptes , que nous tenions , ainsi que le titre de comte , de la faveur de Charles X ; mais est - ce avec quarante mille livres de rentes , dont trente appartiennent à un majorat , que je pouvais convenablement établir Athénaïs et ce pauvre petit mendiant de René ? Ne devions - nous pas vivre de notre place , et accumuler sagement les revenus de nos terres ? En vingt ans nous aurons amassé environ six cent mille francs , qui serviront à doter et ma fille et René , que je destine à la marine .
Mon petit pauvre aura dix mille livres de rentes , et peut - être pourrons - nous lui laisser en argent une somme qui rende sa part égale à celle de sa soeur .
Quand il sera capitaine de vaisseau , mon mendiant se mariera richement , et tiendra dans le monde un rang égal à celui de son aîné .

DEUX JEUNES MARIEES (I, privé)
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