----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

" Oh ! petite mère ! " m' a - t - il dit en s' éveillant et en m' embrassant . Voilà , ma chère , une scène de nuit .
Combien il est utile à une mère d' avoir ses enfants à côté d' elle ! Est - ce une bonne , tant bonne soit - elle , qui peut les prendre , les rassurer et les rendormir quand quelque horrible cauchemar les a réveillés ? car ils ont leurs rêves ; et leur expliquer un de ces terribles rêves est une tâche d' autant plus difficile qu' un enfant écoute alors sa mère d' un oeil à la fois endormi , effaré , intelligent et niais .
C' est un point d' orgue entre deux sommeils .
Aussi mon sommeil est - il devenu si léger que je vois mes deux petits et les entends à travers la gaze de mes paupières . Je m' éveille à un soupir , à un mouvement .
Le monstre des convulsions est pour moi toujours accroupi au pied de leurs lits .
Au jour , le ramage de mes deux enfants commence avec les premiers cris des oiseaux . à travers les voiles du dernier sommeil , leurs baragouinages ressemblent aux gazouillements du matin , aux disputes des hirondelles , petits cris joyeux ou plaintifs , que j' entends moins par les oreilles que par le coeur .
Pendant que Naïs essaie d' arriver à moi en opérant le passage de son berceau à mon lit en se traînant sur ses mains et faisant des pas mal assurés , Armand grimpe avec l' adresse d' un singe et m' embrasse .
Ces deux petits font alors de mon lit le théâtre de leurs jeux , où la mère est à leur discrétion .
La petite me tire les cheveux , veut toujours téter , et Armand défend ma poitrine comme si c' était son bien . Je ne résiste pas à certaines poses , à des rires qui partent comme des fusées et qui finissent par chasser le sommeil .
On joue alors à l' ogresse , et mère ogresse mange alors de caresses cette jeune chair si blanche et si douce ; elle baise à outrance ces yeux si coquets dans leur malice , ces épaules de rose , et l' on excite de petites jalousies qui sont charmantes .
Il y a des jours où j' essaie de mettre mes bas à huit heures , et où je n' en ai pas encore mis un à neuf heures .
Enfin , ma chère , on se lève . Les toilettes commencent . Je passe mon peignoir : on retrousse ses manches , on prend devant soi le tablier ciré ; je baigne et nettoie alors mes deux petites fleurs , assistée de Mary .

DEUX JEUNES MARIEES (I, privé)
Page: 350