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Si tes immolations sont belles , sont sublimes , mon bonheur , abrité sous le poêle blanc et or de l' église et paraphé par le plus maussade des maires , serait donc une monstruosité ? Pour l' honneur des lois , pour toi , mais surtout pour rendre mes plaisirs entiers , je te voudrais heureuse , ma Renée . Oh ! dis - moi que tu te sens venir au coeur un peu d' amour pour ce Louis qui t' adore ? Dis - moi que la torche symbolique et solennelle de l' hyménée n' a pas servi qu' à t' éclairer des ténèbres ? car l' amour , mon ange , est bien exactement pour la nature morale ce qu' est le soleil pour la terre .
Je reviens toujours à te parler de ce Jour qui m' éclaire et qui , je le crains , me consumera .
Chère Renée , toi qui disais dans tes extases d' amitié , sous le berceau de vigne au fond du couvent : " Je t' aime tant , Louise , que si Dieu se manifestait , je lui demanderais toutes les peines , et pour toi toutes les joies de la vie .
Oui , j' ai la passion de la souffrance ! " Eh bien , ma chérie , aujourd' hui je te rends la pareille , et demande à grands cris à Dieu de nous partager mes plaisirs .
Écoute : j' ai deviné que tu t' es faite ambitieuse sous le nom de Louis de l' Estorade , eh bien , aux prochaines élections , fais - le nommer député , car il aura près de quarante ans , et comme la Chambre ne s' assemblera que six mois après les élections , il se trouvera précisément de l' âge requis pour être un homme politique .
Tu viendras à Paris , je ne te dis que cela . Mon père et les amis que je vais me faire vous apprécieront , et si ton vieux beau - père veut constituer un majorat , nous t' obtiendrons le titre de comte pour Louis .
Ce sera déjà cela ! Enfin nous serons ensemble .
XXVIII
RENÉE DE L' ESTORADE
à LOUISE DE MACUMER
Décembre 1825 .
Ma bienheureuse Louise , tu m' as éblouie . J' ai pendant quelques instants tenu ta lettre où quelques - unes de mes larmes brillaient au soleil couchant , les bras lassés , seule sous le petit rocher aride au bas duquel j' ai mis un banc .

DEUX JEUNES MARIEES (I, privé)
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