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Vraiment , ma belle Renée , je suis inquiète , j' ai peur que tu ne dévores quelques souffrances pour ne pas en attrister mes joies , méchante ! Écris - moi promptement quelques pages où tu me peignes ta vie dans ses infiniment petits , et dis - moi bien si tu résistes toujours , si ton libre arbitre est sur ses deux pieds ou à genoux , ou bien assis , ce qui serait grave .
Crois - tu que les événements de ton mariage ne me préoccupent pas ? Tout ce que tu m' as écrit me rend parfois rêveuse .
Souvent lorsqu' à l' Opéra je paraissais regarder des danseuses en pirouette , je me disais : " Il est neuf heures et demie , elle se couche peut - être , que fait - elle ? Est - elle heureuse ?
Est - elle seule avec son libre arbitre ? ou son libre arbitre est - il où vont les libres arbitres dont on ne se soucie plus ? ... " Mille tendresses .
XXV
RENÉE DE L' ESTORADE
à LOUISE DE CHAULIEU
Octobre .
Impertinente ! pourquoi t' aurais - je écrit ? que t' eussé - je dit ? Durant cette vie animée par les fêtes , par les angoisses de l' amour , par ses colères et par ses fleurs que tu me dépeins , et à laquelle j' assiste comme à une pièce de théâtre bien jouée , je mène une vie monotone et réglée à la manière d' une vie de couvent .
Nous sommes toujours couchés à neuf heures et levés au jour . Nos repas sont toujours servis avec une exactitude désespérante .
Pas le plus léger accident . Je me suis accoutumée à cette division du temps et sans trop de peine . Peut - être est - ce naturel , que serait la vie sans cet assujettissement à des règles fixes qui , selon les astronomes et au dire de Louis , régit les mondes ? L' ordre ne lasse pas .

DEUX JEUNES MARIEES (I, privé)
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