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Pour moi , le crime et l' angoisse était ce défaut de simultanéité dans la vie de notre coeur que vous avez faite si belle . " Lui déplaire ! ... " ai - je répété mille fois depuis comme un fou . Ma noble et belle Louise , si quelque chose pouvait accroître mon dévouement absolu pour vous et ma croyance inébranlable en votre sainte conscience , ce serait votre doctrine qui m' est entrée au coeur comme une lumière nouvelle . Vous m' avez dit à moi - même mes propres sentiments , vous m' avez expliqué des choses qui se trouvaient confuses dans mon esprit .
Oh ! si vous pensez punir ainsi , quelles sont donc les récompenses ? Mais m' avoir accepté pour serviteur suffisait à tout ce que je veux .
Je tiens de vous une vie inespérée : je suis voué , mon souffle n' est pas inutile , ma force a son emploi , ne fût - ce qu' à souffrir pour vous . Je vous l' ai dit , je vous le répète , vous me trouverez toujours semblable à ce que j' étais quand je me suis offert comme un humble et modeste serviteur ! Oui , fussiez - vous déshonorée et perdue comme vous dites que vous pourriez l' être , ma tendresse s' augmenterait de vos malheurs volontaires ! J' essuierais les plaies , je les cicatriserais , je convaincrais Dieu par mes prières que vous n' êtes pas coupable et que vos fautes sont le crime d' autrui ... Ne vous ai - je pas dit que je vous porte en mon coeur les sentiments si divers qui doivent être chez un père , une mère , une soeur et un frère ? que je suis avant toute chose une famille pour vous , tout et rien , selon vos vouloirs ? Mais n' est - ce pas vous qui avez emprisonné tant de coeurs dans le coeur d' un amant , pardonnez - moi donc d' être de temps en temps plus amant que père et frère en apprenant qu' il y a toujours un frère , un père derrière l' amant .
Si vous pouviez lire dans mon coeur , quand je vous vois belle et rayonnante , calme et admirée au fond de votre voiture aux Champs - Élysées ou dans votre loge au théâtre ? ... Ah ! si vous saviez combien mon orgueil est peu personnel en entendant un éloge arraché par votre beauté , par votre maintien , et combien j' aime les inconnus qui vous admirent ? Quand par hasard vous avez fleuri mon âme par un salut , je suis à la fois humble et fier , je m' en vais comme si Dieu m' avait béni , je reviens joyeux , et ma joie laisse en moi - même une longue trace lumineuse : elle brille dans les nuages de la fumée de ma cigarette , et j' en sais mieux que le sang qui bouillonne dans mes veines est tout à vous .

DEUX JEUNES MARIEES (I, privé)
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