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Ni Marie ni moi , nous ne nous marierons jusqu' à ce que nous ayons appris que vous avez accepté les sommes remises pour vous à Urraca . Ces deux millions proviennent de vos propres économies et de celles de Marie . Nous avons prié tous deux , agenouillés devant le même autel , et avec quelle ferveur ! ah ! Dieu le sait ! pour ton bonheur .
O mon frère ! nos souhaits doivent être exaucés . L' amour que tu cherches , et qui serait la consolation de ton exil , il descendra du ciel . Marie a lu ta lettre en pleurant , et tu as toute son admiration .
Quant à moi , j' ai accepté pour notre maison et non pour moi . Le roi a rempli ton attente . Ah ! tu lui as si dédaigneusement jeté son plaisir , comme on jette leur proie aux tigres , que , pour te venger , je voudrais lui faire savoir combien tu l' a écrasé par ta grandeur .
La seule chose que j' aie prise pour moi , cher frère aimé , c' est mon bonheur , c' est Marie . Aussi serai - je toujours devant toi ce qu' est une créature devant le Créateur .
Il y aura dans ma vie et dans celle de Marie un jour aussi beau que celui de notre heureux mariage , ce sera celui où nous saurons que ton coeur est compris , qu' une femme t' aime comme tu dois et veux être aimé .
N' oublie pas que , si tu vis par nous , nous vivons aussi par toi . Tu peux nous écrire en toute confiance sous le couvert du nonce , en envoyant tes lettres par Rome .
L' ambassadeur de France à Rome se chargera sans doute de les remettre à la secrétairerie d' État , à monsignore Bemboni , que notre légat a dû prévenir . Toute autre voie serait mauvaise .
Adieu , cher dépouillé , cher exilé . Sois fier au moins du bonheur que tu nous as fait , si tu ne peux en être heureux . Dieu sans doute écoutera nos prières pleines de toi .
FERNAND .
XV
LOUISE DE CHAULIEU à MADAME DE L' ESTORADE
Mars .

DEUX JEUNES MARIEES (I, privé)
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