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" Ma chère , voilà comment je le forme . Ce style est de fraîche date , dans un an ce sera mieux . Louis en est aux premiers transports , je l' attends à cette égale et continue sensation de bonheur que doit donner un heureux mariage quand , sûrs l' un de l' autre et se connaissant bien , une femme et un homme ont trouvé le secret de varier l' infini , de mettre l' enchantement dans le fond même de la vie .
Ce beau secret des véritables épouses , je l' entrevois et veux le posséder .
Tu vois qu' il se croit aimé , le fat , comme s' il n' était pas mon mari . Je n' en suis cependant encore qu' à cet attachement matériel qui nous donne la force de supporter bien des choses .
Cependant Louis est aimable , il est d' une grande égalité de caractère , il fait simplement les actions dont se vanteraient la plupart des hommes . Enfin si je ne l' aime point , je me sens très capable de le chérir .
Voilà donc mes cheveux noirs , mes yeux noirs dont les cils se déplient , selon toi , comme des jalousies , mon air impérial et ma personne élevée à l' état de pouvoir souverain . Nous verrons dans dix ans d' ici , ma chère , si nous ne sommes pas toutes deux bien rieuses , bien heureuses dans ce Paris , d' où je te ramènerai quelquefois dans ma belle oasis de Provence .
O Louise , ne compromets pas notre bel avenir à toutes deux ! Ne fais pas les folies dont tu me menaces .
J' épouse un vieux jeune homme , épouse quelque jeune vieillard de la chambre des pairs . Tu es là dans le vrai .
XIV
LE DUC DE SORIA AU BARON DE MACUMER
Madrid .
Mon cher frère , vous ne m' avez pas fait duc de Soria pour que je n' agisse pas en duc de Soria . Si je vous savais errant et sans les douceurs que la fortune donne partout , vous me rendriez mon bonheur insupportable .

DEUX JEUNES MARIEES (I, privé)
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