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P . - S . Recommande à Urraca de ne pas me nommer autrement que M . Hénarez . Ne dis pas un mot de moi à Marie . Tu dois être le seul être vivant qui sache les secrets du dernier Maure christianisé , dans les veines duquel mourra le sang de la grande famille née au désert , et qui va finir dans la solitude . Adieu .
VII
LOUISE DE CHAULIEU à RENÉE DE MAUCOMBE
Janvier 1824 .
Comment , bientôt mariée ! mais prend - on les gens ainsi ? Au bout d' un mois , tu te promets à un homme , sans le connaître , sans en rien savoir . Cet homme peut être sourd , on l' est de tant de manières ! il peut être maladif , ennuyeux , insupportable .
Ne vois - tu pas , Renée , ce qu' on veut faire de toi ? tu leur es nécessaire pour continuer la glorieuse maison de l' Estorade , et voilà tout . Tu vas devenir une provinciale .
Sont - ce là nos promesses mutuelles ? à votre place , j' aimerais mieux aller me promener aux îles d' Hyères en caïque , jusqu' à ce qu' un corsaire algérien m' enlevât et me vendît au grand - seigneur ; je deviendrais sultane , puis quelque jour validé ; je mettrais le sérail cen dessus dessous , et tant que je serais jeune et quand je serais vieille .
Tu sors d' un couvent pour entrer dans un autre ! Je te connais , tu es lâche , tu vas entrer en ménage avec une soumission d' agneau .
Je te donnerai des conseils , tu viendras à Paris , nous y ferons enrager les hommes et nous deviendrons des reines .
Ton mari , ma belle biche , peut , dans trois ans d' ici , se faire nommer député . Je sais maintenant ce qu' est un député , je te l' expliquerai ; tu joueras très bien de cette machine , tu pourras demeurer à Paris et y devenir , comme dit ma mère , une femme à la mode .
Oh ! je ne te laisserai certes pas dans ta bastide .
Lundi .

DEUX JEUNES MARIEES (I, privé)
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