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de Marsay , de Ronquerolles , de Montriveau , de La Roche - Hugon , de Sérizy , Ferraud , Maxime de Trailles , de Listomère , les deux Vandenesse , du Châtelet , etc . Souvent elle admettait un homme sans vouloir recevoir sa femme , et son pouvoir était assez fort déjà pour imposer ces dures conditions à certaines personnes ambitieuses telles que deux célèbres banquiers royalistes , MM . de Nucingen et Ferdinand du Tillet . Elle avait si bien étudié le fort et le faible de la vie parisienne , qu' elle s' était toujours conduite de façon à ne laisser à aucun homme le moindre avantage sur elle .
On aurait pu promettre une somme énorme d' un billet ou d' une lettre où elle se serait compromise , sans en pouvoir trouver un seul . Si la sécheresse de son âme lui permettait de jouer son rôle au naturel , son extérieur ne la servait pas moins bien .
Elle avait une taille jeune . Sa voix était à commandement souple et fraîche , claire , dure . Elle possédait éminemment les secrets de cette attitude aristocratique par laquelle une femme efface le passé .
La marquise connaissait bien l' art de mettre un espace immense entre elle et l' homme qui se croit des droits à la familiarité après un bonheur de hasard .
Son regard imposant savait tout nier . Dans sa conversation , les grands et beaux sentiments , les nobles déterminations paraissaient découler naturellement d' une âme et d' un coeur pur ; mais elle était en réalité tout calcul , et bien capable de flétrir un homme maladroit dans ses transactions , au moment où elle transigerait sans honte au profit de ses intérêts personnels .
En essayant de s' attacher à cette femme , Rastignac avait bien deviné le plus habile des instruments : mais il ne s' en était pas encore servi ; loin de pouvoir le manier , il se faisait déjà broyer par lui .
Ce jeune condottiere de l' intelligence , condamné , comme Napoléon , à toujours livrer bataille en sachant qu' une seule défaite était le tombeau de sa fortune , avait rencontré dans sa protectrice un dangereux adversaire .
Pour la première fois de sa vie turbulente , il faisait une partie sérieuse avec un partner digne de lui .
Dans la conquête de Mme d' Espard il apercevait un ministère ; aussi la servait - il avant de s' en servir : dangereux début .
L' hôtel d' Espard exigeait un nombreux domestique , le train de la marquise était considérable . Les grandes réceptions avaient lieu au rez - de - chaussée , mais la marquise habitait le premier étage de sa maison .

INTERDICTION (III, privé)
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