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" " Que l' éducation de ses enfants a souffert de cette monomanie , et qu' il leur a fait apprendre , contrairement à tous les usages de l' enseignement , les faits de l' histoire chinoise qui contredisent les doctrines de la religion catholique , et leur a fait apprendre les dialectes chinois ... "
- Ici Desroches me paraît drôle , dit Bianchon .
- La requête a été dressée par son premier clerc Godeschal que tu connais et qui n' est pas très chinois , dit le juge .
" " Qu' il laisse souvent ses enfants dénués des choses les plus nécessaires ; que l' exposante , malgré ses instances , ne peut les voir ; que le sieur marquis d' Espard les lui amène une seule fois par an ; que , sachant les privations auxquelles ils sont soumis , elle a fait de vains efforts pour leur donner les choses les plus nécessaires à l' existence , et desquelles ils manquaient ... "
- Oh ! madame la marquise , voici des farces . Qui prouve trop ne prouve rien . Mon cher enfant , dit le juge en laissant le dossier sur ses genoux , quelle est la mère qui jamais a manqué de coeur , d' esprit , d' entrailles , au point de rester au - dessous des inspirations suggérées par l' instinct animal ? Une mère est aussi rusée pour arriver à ses enfants qu' une jeune fille peut l' être pour conduire à bien une intrigue d' amour .
Si ta marquise avait voulu nourrir ou vêtir ses enfants , le diable ne l' en aurait , certes , pas empêchée ! hein ! Elle est un peu trop longue , cette couleuvre , pour la faire avaler à un vieux juge ! Continuons !
" " Que l' âge auquel arrivent lesdits enfants exige , dès à présent , qu' il soit pris des précautions pour les soustraire à la funeste influence de cette éducation , qu' il y soit pourvu selon leur rang , et qu' ils n' aient point sous les yeux l' exemple que leur donne la conduite de leur père ;
" " Qu' à l' appui des faits présentement allégués , il existe des preuves dont le tribunal obtiendra facilement la répétition : maintes fois monsieur d' Espard a nommé le juge de paix du douzième arrondissement un mandarin de troisième classe ; il a souvent appelé les professeurs du collège Henri IV des lettrés ( ils s' en fâchent ! ) .
à propos des choses les plus simples , il a dit que cela ne se passait pas ainsi en Chine ; il fait , dans le cours d' une conversation ordinaire , allusion soit à la dame Jeanrenaud , soit à des événements arrivés sous le règne de Louis XIV , et demeure alors plongé dans une mélancolie noire : il s' imagine parfois être en Chine .

INTERDICTION (III, privé)
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