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Les deux corps de logis en équerre dont se compose la maison tirent leur jour de ce jardinet entouré par deux maisons voisines bâties en colombage , décrépites , menaçant ruine , où se voit à chaque étage quelque grotesque attestation de l' état exercé par le locataire . Ici de longs bâtons supportent d' immenses écheveaux de laine teinte qui sèchent ; là sur des cordes se balancent des chemises blanchies ; plus haut des volumes endossés montrent sur un ais leurs tranches fraîchement marbrées ; les femmes chantent , les maris sifflent , les enfants crient ; le menuisier scie ses planches , un tourneur en cuivre fait grincer son métal ; toutes les industries s' accordent pour produire un bruit que le nombre des instruments rend furibond .
Le système général de la décoration intérieure de ce passage , qui n' est ni une cour , ni un jardin , ni une voûte , et qui tient de toutes ces choses , consiste en piliers de bois posés sur des dés en pierre , et qui figurent des ogives .
Deux arcades donnent sur le jardinet ; deux autres , qui font face à la porte cochère , laissent voir un escalier de bois dont la rampe fut jadis une merveille de serrurerie tant le fer y affecte des formes bizarres , et dont les marches usées tremblent sous le pied .
Les portes de chaque appartement ont des chambranles bruns de crasse , de graisse , de poussière , et sont garnies de doubles portes revêtues de velours d' Utrecht semées de clous dédorés disposés en losanges .
Ces restes de splendeur annoncent que , sous Louis XIV , cette maison était habitée par quelque conseiller au Parlement , par de riches ecclésiastiques ou par quelque trésorier des Parties casuelles .
Mais ces vestiges de l' ancien luxe attirent un sourire sur les lèvres par un naïf contraste entre le présent et le passé .
M .
Jean - Jules Popinot demeurait au premier étage de cette maison où l' obscurité naturelle aux premiers étages des maisons parisiennes était redoublée par l' étroitesse de la rue .
Ce vieux logis était connu de tout le douzième arrondissement , auquel la Providence avait donné ce magistrat comme elle donne une plante bienfaisante pour guérir ou modérer chaque maladie .
Voici le croquis de ce personnage que voulait séduire la brillante marquise d' Espard .

INTERDICTION (III, privé)
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