----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Le roman , diras - tu sentencieusement , est une épopée amusante . Cite Corinne , appuie - toi sur Mme de Staël . Le dix - huitième siècle a tout mis en question , le dix - neuvième est chargé de conclure ; aussi conclut - il par des réalités ; mais par des réalités qui vivent et qui marchent ; enfin il met en jeu la passion , élément inconnu à Voltaire .
Tirade contre Voltaire . Quant à Rousseau , il n' a fait qu' habiller des raisonnements et des systèmes . Julie et Claire sont des entéléchies , elles n' ont ni chair ni os .
Tu peux démancher sur ce thème et dire que nous devons à la paix , aux Bourbons , une littérature jeune et originale , car tu écris dans un journal Centre droit .
Moque - toi des faiseurs de systèmes . Enfin tu peux t' écrier par un beau mouvement : Voilà bien des erreurs , bien des mensonges chez notre confrère ! et pourquoi ? pour déprécier une belle oeuvre , pour tromper le public et arriver à cette conclusion : Un livre qui se vend ne se vend pas .
Proh pudor ! lâche Proh pudor ! ce juron honnête anime le lecteur . Enfin annonce la décadence de la critique ! Conclusion : Il n' y a qu' une seule littérature , celle des livres amusants .
Nathan est entré dans une voie nouvelle , il a compris son époque et répond à ses besoins . Le besoin de l' époque est le drame .
Le drame est le voeu d' un siècle où la politique est un mimodrame perpétuel . N' avons - nous pas vu en vingt ans , diras - tu , les quatre drames de la Révolution , du Directoire , de l' Empire et de la Restauration ? De là , tu roules dans le dithyrambe de l' éloge , et la seconde édition s' enlève .
Voici comme : samedi prochain , tu feras une feuille dans notre Revue , et tu la signeras DE RUBEMPRÉ en toutes lettres .
Dans ce dernier article , tu diras : Le propre des belles oeuvres est de soulever d' amples discussions . Cette semaine tel journal a dit telle chose du livre de Nathan , tel autre lui a vigoureusement répondu .
Tu critiques les deux critiques C . et L . , tu me dis en passant une politesse à propos du premier article que j' ai fait aux Débats , et tu finis en affirmant que l' oeuvre de Nathan est le plus beau livre de l' époque .
C' est comme si tu ne disais rien , on dit cela de tous les livres . Tu auras gagné quatre cents francs dans ta semaine , outre le plaisir d' écrire la vérité quelque part .

ILLUSIONS PERDUES (V, provinc)
Page: 460