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J' allai retrouver le comte sous prétexte de l' avertir de l' arrivée de ses cousines , et je le vis redevenu jeune au reflet de ses espérances . " Qu' avez - vous , Maurice ? me dit - il , frappé de l' altération de mes traits . Monsieur le comte ... Vous ne m' appelez plus Octave ! vous à qui je devrai la vie , le bonheur . Mon cher Octave , si vous réussissez à ramener la comtesse à ses devoirs , je l' ai bien étudiée ... ( Il me regarda comme Othello dut regarder Iago , quand Iago réussit à faire entrer un premier soupçon dans la tête du Maure . ) Elle ne doit jamais me revoir , elle doit ignorer que vous avez eu Maurice pour secrétaire , ne prononcez jamais mon nom , que personne ne le lui rappelle , autrement tout serait perdu ... Vous m' avez fait nommer maître des requêtes , eh bien , obtenez - moi quelque poste diplomatique à l' étranger , un consulat , et ne pensez plus à me marier avec Amélie ... Oh ! soyez sans inquiétude , repris - je en lui voyant faire un haut - le - corps , j' irai jusqu' au bout de mon rôle ... Pauvre enfant ! ... me dit - il en me prenant la main , me la serrant et réprimant des larmes qui lui mouillèrent les yeux .
Vous m' aviez donné des gants , repris - je en riant , je ne les ai pas mis , voilà tout .
" " Nous convînmes alors de ce que je devais faire le soir au pavillon où je retournai dans la soirée .
Nous étions en août , la journée avait été chaude , orageuse , mais l' orage restait dans l' air , le ciel ressemblait à du cuivre , les parfums des fleurs arrivaient lourds , je me trouvais comme dans une étuve , et me surpris à souhaiter que la comtesse fût partie pour les Indes ; mais elle était en redingote de mousseline blanche attachée avec des noeuds de rubans bleus , coiffée en cheveux , ses boucles crépées le long de ses joues , assise sur un banc de bois construit en forme de canapé , sous une espèce de bocage , ses pieds sur un petit tabouret de bois , et dépassant de quelques lignes sa robe .
Elle ne se leva point , elle me montra de la main une place auprès d' elle en me disant : " N' est - ce pas que la vie est sans issue pour moi ? La vie que vous vous êtes faite , lui dis - je , mais non pas celle que je veux vous faire ; car , si vous le voulez , vous pouvez être bien heureuse ... Et comment ? " dit - elle .
Toute sa personne interrogeait .
" Votre lettre est dans les mains du comte .

HONORINE (II, privé)
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