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Aussitôt le commandeur alla trouver de la part de M . de Maulincour , le chef de la police particulière de Paris , et , sans mêler ni le nom ni la personne de Mme Jules au récit de cette aventure , quoiqu' elle en fût le noeud secret , il lui fit part des craintes que donnait à la famille de Maulincour le personnage inconnu assez osé pour jurer la perte d' un officier aux gardes , en face des lois et de la police . L' homme de la police leva de surprise ses lunettes vertes , se moucha plusieurs fois , et offrit du tabac au vidame , qui , par dignité prétendait ne pas user de tabac , quoiqu' il en eût le nez barbouillé .
Puis le sous - chef prit ses notes , et promit que , Vidocq et ses limiers aidant , il rendrait sous peu de jours bon compte à la famille Maulincour de cet ennemi , disant qu' il n' y avait pas de mystères pour la police de Paris .
Quelques jours après , le chef vint voir M .
le vidame à l' hôtel de Maulincour , et trouva le jeune baron parfaitement remis de sa dernière blessure . Alors , il leur fit en style administratif ses remerciements des indications qu' ils avaient eu la bonté de lui donner , en lui apprenant que ce Bourignard était un homme condamné à vingt ans de travaux forcés , mais miraculeusement échappé pendant le transport de la chaîne de Bicêtre à Toulon .
Depuis treize ans la police avait infructueusement essayé de le reprendre , après avoir su qu' il était venu fort insouciamment habiter Paris , où il avait évité les recherches les plus actives , quoiqu' il fût constamment mêlé à beaucoup d' intrigues ténébreuses .
Bref , cet homme , dont la vie offrait les particularités les plus curieuses , allait être certainement saisie à l' un de ses domiciles , et livré à la justice .
Le bureaucrate termina son rapport officieux en disant à M .
de Maulincour que s' il attachait assez d' importance à cette affaire pour être témoin de la capture de Bourignard , il pouvait venir le lendemain , à huit heures du matin , rue Sainte - Foy , dans une maison dont il lui donna le numéro .
M . de Maulincour se dispensa d' aller chercher cette certitude , s' en fiant avec le saint respect que la police inspire à Paris , sur la diligence de l' administration .
Trois jours après , n' ayant rien lu dans le journal sur cette arrestation , qui cependant devait fournir matière à quelque article curieux , M .
FERRAGUS (V, paris)
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