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Le chien bondit comme un lion , aboya furieusement et s' élança dans le jardin si rapidement que le général ne put le suivre . En ce moment le galop des chevaux retentit dans la rue , et le général s' empressa d' ouvrir lui - même . " Brigadier , s' écria - t - il , allez couper la retraite à l' assassin de M . de Mauny . Ils s' en vont par mes jardins .
Vite , cernez les chemins de la butte de Picardie , je vais faire une battue dans toutes les terres , les parcs , les maisons . - Vous autres , dit - il à ses gens , veillez sur la rue et tenez la ligne depuis la barrière jusqu' à Versailles .
En avant , tous ! "
Il se saisit d' un fusil que lui apporta son valet de chambre , et s' élança dans les jardins en criant au chien : " Cherche ! " D' affreux aboiements lui répondirent dans le lointain , et il se dirigea dans la direction d' où les râlements du chien semblaient venir .
à sept heures du matin , les recherches de la gendarmerie , du général , de ses gens et des voisins avaient été inutiles . Le chien n' était pas revenu . Harassé de fatigue , et déjà vieilli par le chagrin , le marquis rentra dans son salon , désert pour lui , quoique ses trois autres enfants y fussent .
" Vous avez été bien froide pour votre fille , dit - il en regardant sa femme . - Voilà donc ce qui nous reste d' elle ! ajouta - t - il en montrant le métier où il voyait une fleur commencée . Elle était là , tout à l' heure , et maintenant , perdue ! perdue ! "
Il pleura , se cacha la tête dans ses mains , et resta un moment silencieux , n' osant plus contempler ce salon qui naguère lui offrait le tableau le plus suave du bonheur domestique . Les lueurs de l' aurore luttaient avec les lampes expirantes , les bougies brûlaient leurs festons de papier tout s' accordait avec le désespoir de ce père .
" Il faudra détruire ceci , dit - il après un moment de silence et en montrant le métier . Je ne pourrais plus rien voir de ce qui nous la rappelle ... "
La terrible nuit de Noël , pendant laquelle le marquis et sa femme eurent le malheur de perdre leur fille aînée sans avoir pu s' opposer à l' étrange domination exercée par son ravisseur involontaire , fut comme un avis que leur donna la fortune .
La faillite d' un agent de change ruina le marquis . Il hypothéqua les biens de sa femme pour tenter une spéculation dont les bénéfices devaient restituer à sa famille toute sa première fortune ; mais cette entreprise acheva de le ruiner .

FEMME DE 30 ANS (II, privé)
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