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- Vous ici ! s' écria le général . Par quelle puissance ? " Et , d' un regard terrible , il interrogea sa femme et ses enfants . Hélène devint rouge comme le feu . " Vous , reprit le militaire d' un ton pénétré , vous au milieu de nous ! Un assassin couvert de sang ici ! Vous souillez ce tableau ! Sortez , sortez " , ajouta - t - il avec un accent de fureur .
Au mot d' assassin , la marquise jeta un cri . Quant à Hélène , ce mot sembla décider de sa vie , son visage n' accusa pas le moindre étonnement . Elle semblait avoir attendu cet homme . Ses pensées si vastes eurent un sens .
La punition que le ciel réservait à ses fautes éclatait . Se croyant aussi criminelle que l' était cet homme , la jeune fille le regarda d' un oeil serein : elle était sa compagne , sa soeur .
Pour elle , un commandement de Dieu se manifestait dans cette circonstance . Quelques années plus tard , la raison aurait fait justice de ses remords ; mais en ce moment ils la rendaient insensée . L' étranger resta immobile et froid .
Un sourire de dédain se peignit dans ses traits et sur ses larges lèvres rouges .
" Vous reconnaissez bien mal la noblesse de mes procédés envers vous , dit - il lentement . Je n' ai pas voulu toucher de mes mains le verre dans lequel vous m' avez donné de l' eau pour apaiser ma soif . Je n' ai pas même pensé à laver mes mains sanglantes sous votre toit , et j' en sors n' y ayant laissé de mon crime ( à ces mots ses lèvres se comprimèrent ) que l' idée , en essayant de passer ici sans laisser de trace .
Enfin je n' ai pas même permis à votre fille de ...
- Ma fille ! s' écria le général en jetant sur Hélène un coup d' oeil d' horreur . Ah ! malheureux , sors , ou je te tue .
- Les deux heures ne sont pas expirées . Vous ne pouvez ni me tuer ni me livrer sans perdre votre propre estime et - la mienne . "
à ce dernier mot , le militaire stupéfait essaya de contempler le criminel , mais il fut obligé de baisser les yeux , il se sentait hors d' état de soutenir l' insupportable éclat d' un regard qui pour la seconde fois lui désorganisait l' âme .
Il craignit de mollir encore en reconnaissant que sa volonté s' affaiblissait déjà .
" Assassiner un vieillard ! Vous n' avez donc jamais vu de famille ? dit - il alors en lui montrant par un geste paternel sa femme et ses enfants .
- Oui , un vieillard , répéta l' inconnu dont le front se contracta légèrement .
- Fuyez ! s' écria le général sans oser regarder son hôte . Notre pacte est rompu . Je ne vous tuerai pas . Non !
FEMME DE 30 ANS (II, privé)
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