----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

" Le vieux gentilhomme anglais dit avec une confusion pleine de dignité : " C' est vrai , mon fils , mais je réparerai ma faute . Il faut tenir à sa parole plus qu' à sa fortune ; car tenir à sa parole donne la fortune , et toutes les fortunes n' effacent pas la tache faite à la conscience par un manque de parole . " Le père fit reconstruire le vieux pavillon comme il était ; puis , après l' avoir reconstruit , il ordonna qu' on l' abattît sous les yeux de son fils .
Que ceci , Gustave , te serve de leçon .
"
Gustave , qui avait attentivement écouté son père ferma le livre à l' instant . Il se fit un moment de silence pendant lequel le général s' empara de Moïna , qui se débattait contre le sommeil , et la posa doucement sur lui .
La petite laissa rouler sa tête chancelante sur la poitrine du père et s' y endormit alors tout à fait , enveloppée dans les rouleaux dorés de sa jolie chevelure . En cet instant , des pas rapides retentirent dans la rue , sur la terre ; et soudain trois coups , frappés à la porte réveillèrent les échos de la maison .
Ces coups prolongés eurent un accent aussi facile à comprendre que le cri d' un homme en danger de mourir .
Le chien de garde aboya d' un ton de fureur . Hélène , Gustave , le général et sa femme tressaillirent vivement ; mais Abel , que sa mère achevait de coiffer et Moïna ne s' éveillèrent pas .
" Il est pressé , celui - là " , s' écria le militaire en déposant sa fille sur la bergère .
Il sortit brusquement du salon sans avoir entendu la prière de sa femme .
" Mon ami , n' y va pas ... "
Le marquis passa dans sa chambre à coucher , y prit une paire de pistolets , alluma sa lanterne sourde s' élança vers l' escalier , descendit avec la rapidité de l' éclair , et se trouva bientôt à la porte de la maison où son fils le suivit intrépidement .
" Qui est là ? demanda - t - il .
Ouvrez , répondit une voix presque suffoquée par des respirations haletantes .
êtes - vous ami ?
Oui , ami .
êtes - vous seul ?
Oui , mais ouvrez , car ils viennent ! "

FEMME DE 30 ANS (II, privé)
Page:1162