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Le vieillard épiait d' un oeil plus curieux que moqueur les signes d' impatience et de crainte qui se jouaient sur le charmant visage de sa compagne , et l' observait peut - être avec trop de soin pour ne pas avoir quelque arrière - pensée paternelle .
Ce dimanche était le treizième de l' année 1813 . Le surlendemain , Napoléon partait pour cette fatale campagne pendant laquelle il allait perdre successivement Bessières et Duroc , gagner les mémorables batailles de Lutzen et de Bautzen , se voir trahi par l' Autriche , la Saxe , la Bavière , par Bernadotte , et disputer la terrible bataille de Leipzig .
La magnifique parade commandée par l' Empereur devait être la dernière de celles qui excitèrent si longtemps l' admiration des Parisiens et des étrangers .
La vieille garde allait exécuter pour la dernière fois les savantes manoeuvres dont la pompe et la précision étonnèrent quelquefois jusqu' à ce géant lui - même , qui s' apprêtait alors à son duel avec l' Europe .
Un sentiment triste amenait aux Tuileries une brillante et curieuse population . Chacun semblait deviner l' avenir , et pressentait peut - être que plus d' une fois l' imagination aurait à retracer le tableau de cette scène , quand ces temps héroïques de la France contracteraient , comme aujourd' hui , des teintes presque fabuleuses .
" Allons donc plus vite , mon père , disait la jeune fille avec un air de lutinerie en entraînant le vieillard . J' entends les tambours .
C' est les troupes qui entrent aux Tuileries , répondit - il .
Ou qui défilent , tout le monde revient ! répliqua - t - elle avec une enfantine amertume qui fit sourire le vieillard .
La parade ne commence qu' à midi et demi " , dit le père qui marchait presque en arrière de son impétueuse fille .
à voir le mouvement qu' elle imprimait à son bras droit , vous eussiez dit qu' elle s' en aidait pour courir . Sa petite main , bien gantée , froissait impatiemment un mouchoir , et ressemblait à la rame d' une barque qui fend les ondes .
FEMME DE 30 ANS (II, privé)
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