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L' occasion de s' expliquer ne se fit pas attendre . Par une belle journée du mois d' avril , la comtesse accepta le bras de Nathan dans un endroit écarté du bois de Boulogne , elle avait à lui faire une de ces jolies querelles à propos de ces riens sur lesquels les femmes savent bâtir des montagnes .
Au lieu de l' accueillir le sourire sur les lèvres , le front illuminé par le bonheur , les yeux animés de quelque pensée fine et gaie , elle se montra grave et sérieuse .
" Qu' avez - vous ? lui dit Nathan .
- Ne vous occupez pas de ces riens , dit - elle ; vous devez savoir que les femmes sont des enfants .
Vous aurais - je déplu ?
Serais - je ici ?
Mais vous ne me souriez pas , vous ne paraissez pas heureuse de me voir .
Je vous boude , n' est - ce pas ? " dit - elle en le regardant de cet air soumis par lequel les femmes se posent en victimes .
Nathan fit quelques pas dans une appréhension qui lui serrait le coeur et l' attristait .
" Ce sera , dit - il après un moment de silence , quelques - unes de ces craintes frivoles , de ces soupçons nuageux que vous mettez au - dessus des plus grandes choses de la vie , vous avez l' art de faire pencher le monde en y jetant un brin de paille , un fétu !
De l' ironie ? ... Je m' y attendais , dit - elle en baissant la tête .
- Marie , ne vois - tu pas , mon ange , que j' ai dit ces paroles pour t' arracher ton secret ?
Mon secret sera toujours un secret , même après vous avoir été confié .
- Eh bien , dis ...
Je ne suis pas aimée , reprit - elle en lui lançant ce regard oblique et fin par lequel les femmes interrogent si malicieusement l' homme qu' elles veulent tourmenter .
Pas aimée ? ... s' écria Nathan .
Oui , vous vous occupez de trop de choses . Que suis - je au milieu de tout ce mouvement ? oubliée à tout propos . Hier , je suis venue au Bois , je vous y ai attendu ...
Mais ...
J' avais mis une nouvelle robe pour vous , et vous n' êtes pas venu , où étiez - vous ?

UNE FILLE D EVE (II, privé)
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