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POIRET
Je le crois .
BIXIOU , tortille le bouton .
J' en doute .
POIRET
C' est un homme payé par le gouvernement pour faire un travail .
BIXIOU
Évidemment , alors un soldat est un employé .
POIRET , embarrassé .
Mais non .
BIXIOU
Cependant il est payé par l' État pour monter la garde et passer des revues . Vous me direz qu' il souhaite trop quitter sa place , qu' il est trop peu en place , qu' il travaille trop et touche généralement trop peu de métal , excepté toutefois celui de son fusil .
POIRET ouvre de grands yeux .
Eh bien , monsieur , un employé serait plus logiquement un homme qui pour vivre a besoin de son traitement et qui n' est pas libre de quitter sa place , ne sachant faire autre chose qu' expédier .
BIXIOU
Ah ! nous arrivons à une solution ... Ainsi le bureau est la coque de l' employé . Pas d' employé sans bureau , pas de bureau sans employé . Que faisons - nous alors du douanier ? ( Poiret essaye de piétiner , il échappe à Bixiou qui lui a coupé un bouton et qui le reprend par un autre . ) Bah ! ce serait dans la matière bureaucratique un être neutre .
Le gabelou est à moitié employé , il est sur les confins des bureaux et des armes , comme sur les frontières : ni tout à fait soldat , ni tout à fait employé .
Mais , papa , où allons - nous ? ( Il tortille le bouton . ) Où cesse l' employé ? Question grave ! Un préfet est - il un employé ?
POIRET , timidement .
C' est un fonctionnaire .
LES EMPLOYES (VII, paris)
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