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En effet , les employés étaient alors , comme Thuillier cajolés par de jolies femmes ; ils paraissaient avoir de l' esprit , ils ne se lassaient point trop dans les bureaux . Les impératrices , les reines , les princesses , les maréchales de cette heureuse époque avaient des caprices .
Toutes ces belles dames avaient la passion des belles âmes : elles aimaient à protéger . Aussi pouvait - on remplir à vingt - cinq ans une place élevée , être auditeur au Conseil d' État ou maître des requêtes , et faire des rapports à l' Empereur en s' amusant avec son auguste famille .
On s' amusait et l' on travaillait tout ensemble . Tout se faisait vite .
Mais aujourd' hui , depuis que la Chambre a inventé la spécialité pour les dépenses , et les chapitres intitulés : Personnel ! nous sommes moins que des soldats . Les moindres places sont soumises à mille chances , car il y a mille souverains ...
BIXIOU , rentrant .
Chazelle est donc fou . Où voit - il mille souverains ? ... serait - ce par hasard dans sa poche ? ...
CHAZELLE
Comptons ? Quatre cents au bout du pont de la Concorde , ainsi nommé parce qu' il mène au spectacle de la perpétuelle discorde entre la Gauche et la Droite de la Chambre , trois cents autres au bout de la rue de Tournon .
La Cour , qui doit compter pour trois cents , est donc obligée d' avoir sept cents fois plus de volonté que l' Empereur pour nommer un de ses protégés à une place quelconque ! ...
FLEURY
Tout cela signifie que , dans un pays où il y a trois pouvoirs , il y a mille à parier contre un , qu' un employé qui n' est protégé que par lui - même n' aura point d' avancement .
BIXIOU , regardant tour à tour Chazelle et Fleury .
Ah ! mes enfants , vous en êtes encore à savoir qu' aujourd' hui le plus mauvais état c' est l' état d' être à l' État ...
FLEURY
à cause du gouvernement constitutionnel .
LES EMPLOYES (VII, paris)
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