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Après avoir marié leur fils unique , auquel ils donnèrent cinquante mille francs , ils pensèrent à vivre à la campagne , et choisirent le pays de L' Isle - Adam où ils attirèrent Mitral ; mais ils vinrent fréquemment à Paris , où ils conservaient un pied - à - terre dans la maison de la rue Censier donnée en dot à Isidore . Les Baudoyer jouissaient encore de mille écus de rente , après avoir doté leur fils .
Mitral , homme à perruque sinistre , à visage de la couleur de la Seine et où brillaient deux yeux tabac d' Espagne , froid comme une corde à puits , et sentant la souris , gardait le secret sur sa fortune ; mais il devait opérer dans son coin comme Gigonnet opérait dans le quartier Saint - Martin .
Si le cercle de cette famille s' étendit , ni ses idées ni ses moeurs ne changèrent . On fêtait les saints du père , de la mère , du gendre , de la fille et de la petite - fille , l' anniversaire des naissances et des mariages , Pâques , Noël , le premier jour de l' an et les Rois .
Ces fêtes occasionnaient de grands balayages et un nettoiement universel au logis , ce qui ajoutait l' utilité aux douceurs de ces cérémonies domestiques .
Puis , s' offraient en grande pompe , et avec accompagnement de bouquets , des cadeaux utiles : une paire de bas de soie ou un bonnet à poil pour Saillard , des boucles d' or , un plat d' argent pour Élisabeth ou pour son mari à qui l' on faisait peu à peu un service de vaisselle plate , des cottes en soie à Mme Saillard qui les gardait en pièces .
à propos du présent , on asseyait le gratifié dans un fauteuil en lui disant pendant un certain temps : " Devine ce que nous t' allons donner ! " Enfin s' entamait un dîner splendide , de cinq heures de durée , auquel étaient conviés l' abbé Gaudron , Falleix , Rabourdin , M .
Godard , jadis sous - chef de M .
Baudoyer , M . Bataille , capitaine de la compagnie à laquelle appartenaient le gendre et le beau - père . M . Cardot , né prié , faisait comme Rabourdin , il acceptait une invitation sur six .
On chantait au dessert , l' on s' embrassait avec enthousiasme en se souhaitant tous les bonheurs possibles , et l' on exposait les cadeaux , en demandant leur avis à tous les invités .
Le jour du bonnet à poil , Saillard l' avait gardé sur la tête pendant le dessert , à la satisfaction générale . Le soir , les simples connaissances venaient , et il y avait bal . On dansait longtemps au son d' un unique violon , mais depuis six ans M .
Godard , grand joueur de flûte , contribuait à la fête par l' addition d' un perçant flageolet . La cuisinière et la bonne de Mme Baudoyer , la vieille Catherine , servante de Mme Saillard , le portier ou sa femme faisaient galerie à la porte du salon .

LES EMPLOYES (VII, paris)
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