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Élisabeth avait en elle quelque chose de chétif qui faisait mal à voir . Sa taille , qui dépassait à peine quatre pieds , était si mince que sa ceinture comportait à peine une demi - aune . Ses traits fins , ramassés vers le nez , donnaient à sa figure une vague ressemblance avec le museau d' une belette .
à trente ans passés , elle paraissait n' en avoir que seize ou dix - sept . Ses yeux d' un bleu de faïence , opprimés par de grosses paupières unies à l' arcade des sourcils , jetaient peu d' éclat .
Tout en elle était mesquin : et ses cheveux d' un blond qui tirait sur le blanc , et son front plat éclairé par des plans où le jour semblait s' arrêter , et son teint plein de tons gris presque plombés .
Le bas du visage plus triangulaire qu' ovale terminait irrégulièrement des contours assez généralement tourmentés . Enfin la voix offrait une assez jolie suite d' intonations aigres - douces .
Élisabeth était bien la petite bourgeoise conseillant son mari le soir sur l' oreiller , sans le moindre mérite dans ses vertus , ambitieuse sans arrière - pensée et par le seul développement de l' égoïsme domestique ; à la campagne , elle aurait voulu arrondir ses propriétés ; dans l' administration , elle voulait avancer .
Dire la vie de son père et de sa mère , dira toute la femme en peignant l' enfance de la jeune fille .
M . Saillard avait épousé la fille d' un marchand de meubles , établi sous les piliers des Halles . L' exiguïté de leur fortune avait primitivement obligé M . et Mme Saillard à de constantes privations . Après trente - trois ans de mariage et vingt - neuf ans de travail dans les bureaux , la fortune des Saillard ( leur société les nommait ainsi ) consistait en soixante mille francs confiés à Falleix , l' hôtel de la place Royale acheté quarante mille francs en 1804 , et trente - six mille francs de dot donnés à leur fille .
Dans ce capital , la succession de la veuve Bidault , mère de Mme Saillard , représentait une somme de cinquante mille francs environ .
Les appointements de Saillard avaient toujours été de quatre mille cinq cents francs , car sa place était un vrai cul - de - sac administratif qui pendant longtemps ne tenta personne .
Ces quatre - vingt - dix mille francs , amassés sou à sou , provenaient donc d' économies sordides et fort inintelligemment employées .
En effet les Saillard ne connaissaient pas d' autre manière de placer leur argent que de le porter par somme de cinq mille francs , chez leur notaire , M .

LES EMPLOYES (VII, paris)
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