----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Cette réforme , qui peut sembler immense , reposait sur un mécanisme fort simple . Rabourdin avait pris l' impôt personnel et mobilier comme la représentation la plus fidèle de la consommation générale . Les fortunes individuelles s' expriment admirablement en France par le loyer , par le nombre des domestiques , par les chevaux et les voitures de luxe qui se prêtent à la fiscalité .
Les habitations et ce qu' elles contiennent varient peu , et disparaissent difficilement .
Après avoir indiqué les moyens de confectionner un rôle de contributions mobilières plus sincère que ne l' était le rôle actuel , il répartissait les sommes que produisaient au trésor les impôts dits indirects en un tant pour cent de chaque cote individuelle .
L' impôt est un prélèvement d' argent fait sur les choses ou sur les personnes sous des déguisements plus ou moins spécieux ; ces déguisements , bons quand il fallait extorquer l' argent , ne sont - ils pas ridicules dans une époque où la classe sur laquelle pèsent les impôts sait pourquoi l' État les prend et par quel mécanisme il les lui rend ? En effet , le budget n' est pas un coffre - fort , mais un arrosoir ; plus il puise et répand d' eau , plus un pays prospère .
Ainsi supposez six millions de cotes aisées ( Rabourdin en prouvait l' existence , en y comprenant les cotes riches ) , ne valait - il pas mieux leur demander directement un droit de vin qui ne serait pas plus odieux que l' impôt des portes et fenêtres et produirait cent millions , plutôt que de les tourmenter en imposant la chose même ? Par cette régularisation de l' impôt , chaque particulier payerait moins en réalité , l' État recevrait davantage , et les consommateurs jouiraient d' une immense réduction dans le prix des choses que l' État ne soumettrait plus à des tortures infinies .
Rabourdin conservait un droit de culture sur les vignobles , afin de protéger cette industrie contre la trop grande abondance de ses produits .
Puis , pour atteindre les consommations des cotes pauvres , les patentes des débitants étaient taxées d' après la population des lieux qu' ils habitaient .
Ainsi , sous trois formes : droit de vin , droit de culture et patente , le Trésor levait une recette énorme sans frais ni vexations , là où pesait un impôt vexatoire partagé entre ses employés et lui .
L' impôt frappait ainsi sur le riche au lieu de tourmenter le pauvre .
Un autre exemple .

LES EMPLOYES (VII, paris)
Page: 914