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Rabourdin divisait la haute administration en trois ministères . Il avait pensé que si jadis il se trouvait des têtes assez fortes pour embrasser l' ensemble des affaires intérieures et extérieures , la France d' aujourd' hui ne manquerait jamais de Mazarin , de Suger , de Sully , de Choiseul , de Colbert pour diriger des ministères plus vastes que les ministères actuels . D' ailleurs , constitutionnellement parlant , trois ministres s' accordent plus facilement que sept . Puis , il est moins difficile aussi de se tromper quant au choix . Enfin , peut - être la royauté éviterait - elle ainsi ses perpétuelles oscillations ministérielles qui ne permettent de suivre aucun plan de politique extérieure , ni d' accomplir aucune amélioration intérieure .
En Autriche , où des nations diverses réunies offrent des intérêts différents à concilier et à conduire sous une même couronne , deux hommes d' État supportaient le poids des affaires publiques , sans en être accablés .
La France était - elle plus pauvre que l' Allemagne en capacités politiques ? Le jeu assez niais de ce qu' on nomme les institutions constitutionnelles , développé outre mesure , a fini comme on sait par exiger beaucoup de ministères pour satisfaire les ambitions multiples de la Bourgeoisie .
D' abord il lui parut alors naturel de réunir le ministère de la Marine au ministère de la Guerre ? Pour lui , la Marine était un des comptes courants du ministère de la Guerre , comme l' artillerie , la cavalerie , l' infanterie et l' intendance .
N' était - ce pas un contresens de donner aux amiraux et aux maréchaux une administration séparée , quand ils marchaient vers un but commun : la défense du pays , l' attaque de l' ennemi , la protection des possessions nationales ? Le ministère de l' Intérieur devait réunir le commerce , la police et les finances , sous peine de mentir à son nom .
Au ministère des Affaires étrangères appartenaient la justice , la Maison du Roi , et tout ce qui , dans le ministère de l' Intérieur , concerne les arts , les lettres et les grâces .
Toute protection doit découler immédiatement du souverain .
Ce ministère impliquait la présidence du Conseil .
Chacun de ces trois ministères ne comportait pas plus de deux cents employés à son administration centrale , où Rabourdin les logeait tous , comme jadis sous la monarchie .
En prenant pour moyenne une somme de douze mille francs par tête , il ne comptait que sept millions pour des chapitres qui en coûtent plus de vingt dans le budget actuel .
En réduisant ainsi les ministères à trois têtes , il supprimait des administrations entières devenues inutiles , et les énormes frais de leurs établissements dans Paris .

LES EMPLOYES (VII, paris)
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