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Mais quel problème difficile à résoudre que celui de la réhabilitation des employés , au moment où le libéralisme criait par ses journaux dans toutes les boutiques industrielles que les traitements des employés constituaient un vol perpétuel , quand il configurait les chapitres du budget en forme de sangsues , et demandait chaque année à quoi bon un milliard d' impôts .
Aux yeux de M . Rabourdin , l' employé , relativement au budget , était ce que le joueur est au jeu ; tout ce qu' il en emporte , il le lui restitue .
Tout gros traitement impliquait une production . Payer mille francs par an à un homme pour lui demander toutes ses journées , n' était - ce pas organiser le vol et la misère ? un forçat coûte presque autant et travaille moins .
Mais vouloir qu' un homme auquel l' État donnerait douze mille francs par an se vouât à son pays , était un contrat profitable à tous deux , et qui pouvait tenter les capacités .
Ces réflexions avaient donc conduit Rabourdin à une refonte du personnel . Employer peu de monde , tripler ou doubler les traitements et supprimer les pensions ; prendre les employés jeunes , comme faisaient Napoléon , Louis XIV , Richelieu et Ximenès , mais les garder longtemps en leur réservant les hauts emplois et de grands honneurs , furent les points capitaux d' une réforme aussi utile à l' État qu' à l' employé .
Il est difficile de raconter en détail , chapitre par chapitre , un plan qui embrassa le budget et qui descendit dans les infiniment petits de l' Administration pour les synthétiser ; mais peut - être une indication des principales réformes suffira - t - elle à ceux qui connaissent comme à ceux qui ignorent la constitution administrative .
Quoique la position d' un historien soit dangereuse en racontant un plan qui ressemble à de la politique faite au coin du feu , encore est - il nécessaire de le crayonner , afin d' expliquer l' homme par l' oeuvre .
Supprimez le récit de ses travaux , vous ne voudrez plus croire le narrateur sur parole , s' il se contentait d' affirmer le talent ou l' audace d' un chef de bureau .

LES EMPLOYES (VII, paris)
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