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Leprince , ancien commissaire priseur , homme veuf , passant pour très riche et père d' une fille unique . Xavier Rabourdin devint éperdument amoureux de Mlle Célestine Leprince , alors âgée de dix - sept ans et qui avait les prétentions de deux cent mille francs de dot .
Soigneusement élevée par une mère artiste qui lui transmit tous ses talents , cette jeune personne devait attirer les regards des hommes les plus haut placés . Grande , belle et admirablement bien faite , elle parlait plusieurs langues , elle avait reçu quelque teinture de science , dangereux avantage qui oblige une femme à beaucoup de précautions si elle veut éviter toute pédanterie .
Aveuglée par une tendresse mal entendue , la mère avait donné de fausses espérances à sa fille sur son avenir : à l' entendre , un duc ou un ambassadeur , un maréchal de France ou un ministre pouvaient seuls mettre sa Célestine à la place qui lui convenait dans la société .
Cette fille avait d' ailleurs les manières , le langage et les façons du grand monde .
Sa toilette était plus riche et plus élégante que ne doit l' être celle d' une fille à marier : un mari ne pouvait plus lui donner que le bonheur .
Et , encore , les gâteries continuelles de la mère , qui mourut un an après le mariage de sa fille , rendaient - elles assez difficile la tâche d' un amant .
Combien de sang - froid ne fallait - il pas pour gouverner une pareille femme . Les bourgeois effrayés se retirèrent . Orphelin , sans autre fortune que sa place de chef de bureau , Xavier fut proposé par M .
Leprince à Célestine qui résista longtemps . Mlle Leprince n' avait aucune objection contre son prétendu : il était jeune , amoureux et beau ; mais elle ne voulait pas se nommer Mme Rabourdin .
Le père dit à sa fille que Rabourdin était du bois dont on faisait les ministres . Célestine répondit que jamais homme nommé Rabourdin n' arriverait sous le gouvernement des Bourbons , etc . , etc .
Forcé dans ses retranchements , le père commit une grave indiscrétion en déclarant à sa fille que son futur serait Rabourdin de quelque chose avant l' âge requis pour entrer à la Chambre .
Xavier devait être bientôt maître des requêtes et secrétaire général de son ministère . De ces deux échelons , ce jeune homme s' élancerait dans les régions supérieures de l' Administration , riche d' une fortune et d' un nom transmis par certain testament à lui connu .
Le mariage se fit .

LES EMPLOYES (VII, paris)
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