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Ces misérables chambres d' étudiants ou d' auteurs malheureux se louaient meublées ou non meublées . Les vastes greniers qui s' étendaient sur tout le bâtiment contenaient les meubles . Mais M . Bernard avait meublé lui - même le logement qu' il occupait .
En faisant causer la dame Vauthier , Godefroid devina que son ambition était de tenir une pension bourgeoise ; mais , depuis cinq ans , elle n' avait pu rencontrer dans ses locataires un seul commensal . Elle demeurait au rez - de - chaussée sur le boulevard , et gardait ainsi elle - même la maison , à l' aide d' un gros chien , d' une grosse servante et d' un petit domestique qui faisait les bottes , les chambres et les commissions , deux pauvres gens comme elle , en harmonie avec la misère de la maison , avec celle des locataires , avec l' air sauvage et désolé du jardin qui précédait la maison .
Tous deux étaient des enfants abandonnés de leurs familles , et à qui la veuve Vauthier donnait la nourriture pour tous gages , et quelle nourriture ! Le garçon , que Godefroid entrevit , portait une blouse déguenillée pour livrée , des chaussons au lieu de souliers , et dehors il allait en sabots .
Ébouriffé comme un moineau qui sort de prendre un bain , les mains noires , il allait travailler à mesurer du bois dans un des chantiers du boulevard , après avoir fait le service du matin ; et , après sa journée qui , chez les marchands de bois , est finie à quatre heures et demie , il reprenait ses occupations domestiques .
Il allait chercher à la fontaine de l' Observatoire l' eau nécessaire à la maison , et que la veuve fournissait aux locataires , ainsi que de petites falourdes sciées et fabriquées par lui .
Népomucène , ainsi s' appelait cet esclave de la veuve Vauthier , apportait sa journée à sa maîtresse . En été , ce pauvre abandonné devenait garçon chez les marchands de vin de la barrière , les lundis et les dimanches . La veuve l' habillait alors convenablement .
Quant à la grosse fille , elle faisait la cuisine sous la direction de la veuve Vauthier , qu' elle aidait dans son industrie le reste du temps , car cette veuve avait un état , elle faisait des chaussons de lisière pour les vendeurs ambulants .

ENVERS DE L HISTOIRE (VIII, paris)
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