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" Les cris et la fusillade avaient retenti à Donnery . Le brigadier et un des gendarmes de cette résidence accourent ; un feu de peloton les amène du côté du bois opposé à celui où se passait la scène de pillage . Le gendarme essaie de pousser des cris pour intimider les brigands , et simule par ses clameurs l' arrivée de secours fictifs . Il crie : " En avant ! Par là le premier peloton ! Nous les tenons ! Par là le second peloton ! "
" Les brigands de leur côté crient : " Aux armes ! Ici , camarades ! des hommes au plus tôt ! "
" Le fracas des décharges ne permet pas au brigadier d' entendre les cris du gendarme blessé , ni d' aider à la manoeuvre semblable par laquelle l' autre gendarme tenait les brigands en échec ; mais il put distinguer un bruit rapproché de lui , provenant du brisement et de l' enfoncement des caisses .
Il s' avance de ce côté , quatre bandits armés le tenant en arrêt , il leur crie : " Rendez - vous , scélérats ! "
" Ceux - ci répliquent : " N' approche pas , ou tu es mort ! " Le brigadier s' élance , deux coups d' arme à feu sont tirés , et il est atteint , une balle lui traverse la jambe gauche et pénètre dans les flancs de son cheval .
Le brave soldat , baigné dans son sang , est forcé de quitter cette lutte inégale , et il crie , mais en vain : " à moi ! les brigands sont au Quesnay ! "
" Les bandits , restés maîtres du terrain grâce à leur nombre , fouillent la voiture , placée à dessein dans un ravin . Ils avaient voilé , par feinte , la tête au voiturier . On défonce les caisses , les sacs d' argent jonchent le terrain .
Les chevaux de la voiture sont dételés , et le numéraire est chargé sur les chevaux . On dédaigne 3000 francs de billon , et une somme de 103000 francs est enlevée sur quatre chevaux .
On se dirige sur le hameau de Menneville , qui touche au bourg de Saint - Savin . La horde et le butin s' arrêtent à une maison isolée appartenant aux frères Chaussard , et où demeure leur oncle , le nommé Bourget , confident du projet dès l' origine .
Ce vieillard , aidé par sa femme , accueille les brigands , leur recommande le silence , décharge l' argent , va leur tirer à boire . La femme était comme en sentinelle auprès du château .
Le vieillard dételle les chevaux , les ramène au bois , les rend au voiturier , délivre deux des jeunes gens qu' on avait garrottés , ainsi que le complaisant voiturier . Après s' être reposés à la hâte , les bandits se remettent en route .
Courceuil , Hiley , Boislaurier passent leurs complices en revue ; et , après avoir délivré de faibles et modiques rétributions à chacun d' eux , la bande s' enfuit chacun de son côté .

ENVERS DE L HISTOIRE (VIII, paris)
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