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Après le départ de Georges et d' Oscar , Godeschal entama son nouveau clerc sur la plaisanterie que cachait , à son sens , cette marquise de Las Florentinas y Cabirolos ; mais Frédéric , avec un sang - froid et un sérieux de procureur général , continua la mystification de son cousin ; il persuada par sa façon de répondre et par ses manières à toute l' étude que la marquise de Las Florentinas était la veuve d' un Grand d' Espagne , à qui son cousin faisait la cour . Née au Mexique et fille d' un créole , cette jeune et riche veuve se distinguait par le laisser - aller des femmes nées dans ces climats .
" Elle aime à rire , elle aime à boire , elle aime à chanter comme nous ! dit - il à voix basse en citant la fameuse chanson de Béranger . Georges , ajouta - t - il , est très riche , il a hérité de son père qui était veuf , qui lui a laissé dix - huit mille livres de rente , et avec les douze mille francs que notre oncle vient de nous laisser à chacun , il a trente mille francs par an .
Aussi a - t - il payé ses dettes , et quitte - t - il le Notariat .
Il espère être marquis de Las Florentinas , car la jeune veuve est marquise de son chef , et a le droit de donner ses titres à son mari . "
Si les clercs restèrent extrêmement indécis à l' endroit de la comtesse , la double perspective d' un déjeuner au Rocher - de - Cancale et de cette soirée fashionable les mit dans une joie excessive . Ils firent toutes réserves relativement à l' Espagnole , pour la juger en dernier ressort quand ils comparaîtraient par - devant elle .
Cette comtesse de Las Florentinas y Cabirolos était tout bonnement Mlle Agathe - Florentine Cabirolle , première danseuse du théâtre de la Gaîté , chez qui l' oncle Cardot chantait la Mère Godichon . Un an après la perte très réparable de feu Mme Cardot , l' heureux négociant rencontra Florentine au sortir de la classe de Coulon .
Éclairé par la beauté de cette fleur chorégraphique , Florentine avait alors treize ans , le marchand retiré la suivit jusque dans la rue Pastourelle , où il eut le plaisir d' apprendre que le futur ornement du Ballet devait le jour à une simple portière .
En quinze jours , la mère et la fille établies rue de Crussol y connurent une modeste aisance .
Ce fut donc à ce protecteur des arts , selon la phrase consacrée , que le Théâtre dut ce jeune talent . Ce généreux Mécène rendit alors ces deux créatures presque folles de joie en leur offrant un mobilier d' acajou , des tentures , des tapis et une cuisine montée ; il leur permit de prendre une femme de ménage et leur apporta deux cent cinquante francs par mois .

DEBUT DANS LA VIE (I, privé)
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