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Comment , dès les premiers jours de son mariage , fut - il fasciné par sa femme ? Comment souffrit - il d' abord sans se venger ?
Comment n' osa - t - il plus se venger ? Comment laissa - t - il le temps s' écouler , abusé par l' espérance ? Par quels moyens une femme jeune , jolie et spirituelle l' avait - elle mis en servage ? La réponse à toutes ces questions exigerait une longue histoire qui nuirait au sujet de cette scène , et que , sinon les hommes , du moins les femmes pourront entrevoir .
Remarquons cependant que les immenses travaux et les chagrins du comte avaient contribué malheureusement à le priver des avantages nécessaires à un homme pour lutter contre de dangereuses comparaisons .
Aussi le plus affreux des malheurs secrets du comte était - il d' avoir donné raison aux répugnances de sa femme par une maladie uniquement due à ses excès de travail . Bon , et même excellent pour la comtesse , il la laissait maîtresse chez elle ; elle recevait tout Paris , elle allait à la campagne , elle en revenait , absolument comme si elle eût été veuve ; il veillait à sa fortune et fournissait à son luxe , comme l' eût fait un intendant .
La comtesse avait pour son mari la plus grande estime , elle aimait même sa tournure d' esprit ; elle savait le rendre heureux par son approbation : aussi faisait - elle tout ce qu' elle voulait de ce pauvre homme en venant causer une heure avec lui .
Comme les grands seigneurs d' autrefois , le comte protégeait si bien sa femme , que porter atteinte à sa considération eût été lui faire une injure impardonnable .
Le monde admirait beaucoup ce caractère , et Mme de Sérisy devait immensément à son mari .
Toute autre femme , quand même elle eût appartenu à une famille aussi distinguée que celle des Ronquerolles , aurait pu se voir à jamais perdue .
La comtesse était fort ingrate , mais ingrate avec charme . Elle jetait de temps en temps du baume sur les blessures du comte .
Expliquons maintenant le sujet du brusque voyage et de l' incognito du ministre d' État .
Un riche fermier de Beaumont - sur - Oise , nommé Léger , exploitait une ferme dont toutes les pièces faisaient enclave dans les terres du comte , et qui gâtait sa magnifique propriété de Presles . Cette ferme appartenait à un bourgeois de Beaumont - sur - Oise , appelé Margueron .

DEBUT DANS LA VIE (I, privé)
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