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Aussi , quand les Bourbons revinrent , Louis XVIII , en qui M . de Sérisy reconnut son souverain légitime , accorda - t - il au sénateur , devenu pair de France , une grande confiance en le chargeant de ses affaires privées et le nommant ministre d' État . Au 20 mars , M . de Sérisy n' alla point à Gand , il prévint Napoléon qu' il restait fidèle à la maison de Bourbon , il n' accepta point la pairie pendant les Cent - Jours , et passa ce règne si court dans sa terre de Sérisy .
Après la seconde chute de l' Empereur , il redevint naturellement membre du Conseil privé , fut nommé vice - président du Conseil d' État et liquidateur , pour le compte de la France , dans le règlement des indemnités demandées par les puissances étrangères .
Sans faste personnel , sans ambition même , il possédait une grande influence dans les affaires publiques .
Rien ne se faisait d' important en politique sans qu' il fût consulté ; mais il n' allait jamais à la cour et se montrait peu dans ses propres salons . Cette noble existence , vouée d' abord au travail , avait fini par devenir un travail continuel .
Le comte se levait dès quatre heures du matin en toute saison , travaillait jusqu' à midi , vaquait à ses fonctions de pair de France ou de vice - président du Conseil d' État , et se couchait à neuf heures .
Pour reconnaître tant de travaux , le roi l' avait fait chevalier de ses Ordres . M . de Sérisy était depuis longtemps grand - croix de la Légion d' honneur ; il avait l' ordre de la Toison - d' Or , l' ordre de Saint - André de Russie , celui de l' Aigle de Prusse , enfin presque tous les ordres des cours d' Europe .
Personne n' était moins aperçu ni plus utile que lui dans le monde politique .
On comprend que les honneurs , le tapage de la faveur , les succès du monde , étaient indifférents à un homme de cette trempe . Mais personne , excepté les prêtres , n' arrive à une pareille vie sans de graves motifs .
Cette conduite énigmatique avait son mot , un mot cruel .
Amoureux de sa femme avant de l' épouser , cette passion avait résisté chez le comte à tous les malheurs intimes de son mariage avec une veuve , toujours maîtresse d' elle - même avant comme après sa seconde union , et qui jouissait d' autant plus de sa liberté , que M .
de Sérisy avait pour elle l' indulgence d' une mère pour un enfant gâté . Ses constants travaux lui servaient de bouclier contre des chagrins de coeur ensevelis avec ce soin que savent prendre les hommes politiques pour de tels secrets .
Il comprenait d' ailleurs combien eût été ridicule sa jalousie aux yeux du monde qui n' eût guère admis une passion conjugale chez un vieil administrateur .
DEBUT DANS LA VIE (I, privé)
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