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La vieille princesse s' était subitement dressée sur ses talons , et regardait la duchesse qui se prit à rougir et baissa les yeux , Mme de Chauvry l' attira doucement et lui dit : " Laissez - moi vous baiser , mon petit ange . " Puis elle l' embrassa sur le front fort affectueusement , lui serra la main et reprit en souriant : " Nous ne sommes plus sous les Valois , ma chère fille . Vous avez compromis votre mari , votre état dans le monde ; cependant , nous allons aviser à tout réparer .
- Mais , ma chère tante , je ne veux rien réparer . Je désire que tout Paris sache ou dise que j' étais ce matin chez M . de Montriveau . Détruire cette croyance , quelque fausse qu' elle soit , est me nuire étrangement .
- Ma fille , vous voulez donc vous perdre , et affliger votre famille ?
Mon père , ma famille , en me sacrifiant à des intérêts , m' a , sans le vouloir , condamnée à d' irréparables malheurs . Vous pouvez me blâmer d' y chercher des adoucissements , mais certes vous me plaindrez . "
" Donnez - vous donc mille peines pour établir convenablement des filles ! " dit en murmurant M . de Navarreins au vidame .
" Chère petite , dit la princesse en secouant les grains de tabac tombés sur sa robe , soyez heureuse si vous pouvez ; il ne s' agit pas de troubler votre bonheur , mais de l' accorder avec les usages . Nous savons tous , ici , que le mariage est une défectueuse institution tempérée par l' amour .
Mais est - il besoin , en prenant un amant , de faire son lit sur le Carrousel ? Voyons , ayez un peu de raison , écoutez - nous .
- J' écoute .
- Madame la duchesse , dit le duc de Grandlieu , si les oncles étaient obligés de garder leurs nièces , ils auraient un état dans le monde ; la société leur devrait des honneurs , des récompenses , des traitements comme elle en donne aux gens du Roi .
Aussi ne suis - je pas venu pour vous parler de mon neveu , mais de vos intérêts . Calculons un peu . Si vous tenez à faire un éclat , je connais le sire , je ne l' aime guère .
Langeais est assez avare , personnel en diable , il se séparera de vous , gardera votre fortune , vous laissera pauvre et conséquemment sans considération . Les cent mille livres de rente que vous avez héritées dernièrement de votre grand - tante maternelle payeront les plaisirs de ses maîtresses , et vous serez liée , garrottée par les lois , obligée de dire amen à ces arrangements - là .

DUCHESSE DE LANGEAIS (V, paris)
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