----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Mme de Langeais est une femme héroïque de s' afficher ainsi franchement elle - même . Maintenant , elle ne peut plus aimer que Montriveau . N' y a - t - il pas quelque grandeur chez une femme à dire : Je n' aurai qu' une passion ?
- Que va donc devenir la société , monsieur , si vous honorez ainsi le vice , sans respect pour la vertu ? " dit la femme du procureur général , la comtesse de Grandville .
Pendant que le château , le faubourg et la Chaussée d' Antin s' entretenaient du naufrage de cette aristocratique vertu ; que d' empressés jeunes gens couraient à cheval s' assurer , en voyant la voiture dans la rue de Seine , que la duchesse était bien réellement chez M .
de Montriveau , elle gisait palpitante au fond de son boudoir . Armand qui n' avait pas couché chez lui , se promenait aux Tuileries avec M .
de Marsay . Puis , les grands - parents de Mme de Langeais se visitaient les uns les autres en se donnant rendez - vous chez elle pour la semondre et aviser aux moyens d' arrêter le scandale causé par sa conduite .
A trois heures , M . le duc de Navarreins , le vidame de Pamiers , la vieille princesse de Blamont - Chauvry et le duc de Grandlieu se trouvaient réunis dans le salon de Mme de Langeais , et l' y attendaient .
à eux , comme à plusieurs curieux , les gens avaient dit que leur maîtresse était sortie . La duchesse n' avait excepté personne de la consigne . Ces quatre personnages , illustres dans la sphère aristocratique dont l' almanach de Gotha consacre annuellement les révolutions et les prétentions héréditaires , veulent une rapide esquisse sans laquelle cette peinture sociale serait incomplète .
La princesse de Blamont - Chauvry était , dans le monde féminin , le plus poétique débris du règne de Louis XV , au surnom duquel , durant sa belle jeunesse , elle avait , dit - on , contribué pour sa quote - part .
De ses anciens agréments , il ne lui restait qu' un nez remarquablement saillant , mince , recourbé comme une lame turque , et principal ornement d' une figure semblable à un vieux gant blanc ; puis quelques cheveux crêpés et poudrés ; des mules à talons , le bonnet de dentelles à coques , des mitaines noires et des parfaits contentements .
Mais , pour lui rendre entièrement justice , il est nécessaire d' ajouter qu' elle avait une si haute idée de ses ruines , qu' elle se décolletait le soir , portait des gants longs , et se teignait encore les joues avec le rouge classique de Martin .

DUCHESSE DE LANGEAIS (V, paris)
Page:1010