----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

II . LA DUCHESSE DE LANGEAIS
à FRANTZ LISZT
Il existe , dans une ville espagnole située sur une île de la Méditerranée , un couvent de Carmélites Déchaussées où la règle de l' ordre institué par sainte Thérèse s' est conservée dans la rigueur primitive de la réformation due à cette illustre femme .
Ce fait est vrai , quelque extraordinaire qu' il puisse paraître . Quoique les maisons religieuses de la péninsule et celles du continent aient été presque toutes détruites ou bouleversées par les éclats de la révolution française et des guerres napoléoniennes , cette île ayant été constamment protégée par la marine anglaise , son riche couvent et ses paisibles habitants se trouvèrent à l' abri des troubles et des spoliations générales .
Les tempêtes de tout genre qui agitèrent les quinze premières années du dix - neuvième siècle se brisèrent donc devant ce rocher , peu distant des côtes de l' Andalousie .
Si le nom de l' Empereur vint bruire jusque sur cette plage , il est douteux que son fantastique cortège de gloire et les flamboyantes majestés de sa vie météorique aient été comprises par les saintes filles agenouillées dans ce cloître .
Une rigidité conventuelle que rien n' avait altérée recommandait cet asile dans toutes les mémoires du monde catholique .
Aussi la pureté de sa règle y attira - t - elle , des points les plus éloignés de l' Europe , de tristes femmes dont l' âme , dépouillée de tous liens humains , soupirait après ce long suicide accompli dans le sein de Dieu .
Nul couvent n' était d' ailleurs plus favorable au détachement complet des choses d' ici - bas , exigé par la vie religieuse .

DUCHESSE DE LANGEAIS (V, paris)
Page: 905