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Les fautes de la Chambre profiteront à une volonté qui , malheureusement , est tout dans la politique . Quand on est tout , comme fut Napoléon , il vient un moment où il faut se faire suppléer ; et comme on a écarté les gens supérieurs , le grand tout ne trouve pas de suppléant . Le suppléant , c' est ce qu' on nomme un cabinet , et il n' y a pas de cabinet en France , il n' y a qu' une volonté viagère .
En France , il n' y a que les gouvernants qui fassent des fautes , l' opposition ne peut pas en faire , elle peut perdre autant de batailles qu' elle en livre , il lui suffit , comme les alliés en 1814 , de vaincre une seule fois .
Avec trois glorieuses journées enfin , elle détruit tout . Aussi est - ce se porter héritier du pouvoir que de ne pas gouverner et d' attendre .
J' appartiens par mes opinions personnelles à l' aristocratie , et par mes opinions publiques à la royauté de Juillet . La maison d' Orléans m' a servi à relever la fortune de ma maison et je lui reste attaché à jamais .
- Le jamais de M . de Talleyrand bien entendu ! dit Maxime .
- Dans ce moment je ne peux donc rien pour vous , reprit Rastignac , nous n' aurons pas le pouvoir dans six mois . Oui , ces six mois vont être une agonie , je le savais , nous connaissions notre sort en nous formant , nous sommes un ministère bouche - trou .
Mais si vous vous distinguez au milieu de la bataille électorale qui va se livrer , si vous apportez une voix , un député fidèle à la cause dynastique , on accomplira votre désir .
Je puis parler de votre bonne volonté , je puis mettre le nez dans les documents secrets , dans les rapports confidentiels , et vous trouver quelque rude tâche . Si vous réussissez , je puis insister sur vos talents , sur votre dévouement , et réclamer la récompense .
Votre mariage , mon cher , ne se fera que dans une famille d' industriels ambitieux , et en province . à Paris , vous êtes trop connu .
Il s' agit donc de trouver un millionnaire , un parvenu doué d' une fille et possédé de l' envie de parader au château des Tuileries !
- Faites - moi prêter , par votre beau - père , vingt - cinq mille francs pour attendre jusque - là ; il sera intéressé à ce qu' on ne me paie pas en eau bénite de cour après le succès , et il poussera au mariage .
- Vous êtes fin , Maxime , vous vous défiez de moi , mais j' aime les gens d' esprit , j' arrangerai votre affaire . "

LE DEPUTE D ARCIS (VIII, politi)
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