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Ayant toujours eu cinq chevaux dans son écurie , il faisait alors courir , il dominait toujours la mode . Enfin personne ne se tirait mieux que lui d' un souper de jeunes gens , il buvait mieux que le plus aguerri d' entre eux , et sortait frais , prêt à recommencer , comme si la débauche était son élément .
Maxime , un de ces hommes méprisés qui savent comprimer le mépris qu' ils inspirent par l' insolence de leur attitude et la peur qu' ils causent , ne s' abusait jamais sur sa situation . De là venait sa force .
Les gens forts sont toujours leurs propres critiques .
Sous la Restauration , il avait assez bien exploité son état de page de l' Empereur , il attribuait à ses prétendues opinions bonapartistes la répulsion qu' il avait rencontrée chez les différents ministères quand il demandait à servir les Bourbons ; car , malgré ses liaisons , sa naissance , et ses dangereuses capacités , il ne put rien obtenir ; et , alors , il entra dans la conspiration sourde sous laquelle succombèrent les Bourbons de la branche aînée .
Maxime fit partie d' une association commencée dans un but de plaisir , d' amusement ( voir Les Treize ) , et qui tourna naturellement à la politique cinq ans avant la révolution de Juillet .
Quand la branche cadette eut marché , précédée du peuple parisien , sur la branche aînée , et se fut assise sur le trône , Maxime réexploita son attachement à Napoléon , de qui il se souciait comme de sa première amourette .
Il rendit alors de grands services que l' on fut extrêmement embarrassé de reconnaître , car il voulait être trop souvent payé par des gens qui savent compter .
Au premier refus , Maxime se mit en état d' hostilité , menaçant de révéler certains détails peu agréables , car les dynasties qui commencent ont , comme les enfants , des langes tachés .
Pendant son ministère , de Marsay répara les fautes de ceux qui avaient méconnu l' utilité de ce personnage , il lui donna de ces missions secrètes pour lesquelles il faut des consciences battues par le marteau de la nécessité , une adresse qui ne recule devant aucune mesure , de l' impudence , et surtout ce sang - froid , cet aplomb , ce coup d' oeil qui constitue les bravi de la pensée et de la haute politique .
De semblables instruments sont à la fois rares et nécessaires .

LE DEPUTE D ARCIS (VIII, politi)
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