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Nommé tribun , il entra l' un des premiers au Conseil d' État , fut un des rédacteurs du Code , et fut promu l' un des premiers à la dignité de sénateur , sous le nom de comte de Gondreville . Ceci est le côté politique de cette vie , en voici le côté financier .
Grévin fut dans l' arrondissement d' Arcis l' instrument le plus actif et le plus habile de la fortune du comte de Gondreville . La terre de Gondreville appartenait aux Simeuse , bonne vieille noble famille de province , décimée par l' échafaud et dont les héritiers , deux jeunes gens , servaient dans l' armée de Condé .
Cette terre , vendue nationalement , fut acquise pour Malin sous le nom de M . Marion et par les soins de Grévin .
Grévin fit acquérir à son ami la meilleure partie des biens ecclésiastiques vendus par la République dans le département de l' Aube . Malin envoyait à Grévin les sommes nécessaires à ces acquisitions , et n' oubliait d' ailleurs point son homme d' affaires .
Quand vint le Directoire , époque à laquelle Malin régnait dans les conseils de la République , les ventes furent réalisées au nom de Malin .
Grévin fut notaire et Malin fut conseiller d' État . Grévin fut maire d' Arcis , Malin fut sénateur et comte de Gondreville . Malin épousa la fille d' un fournisseur millionnaire , Grévin épousa la fille unique du bonhomme Varlet , le premier médecin d' Arcis .
Le comte de Gondreville eut trois cent mille livres de rentes , un hôtel à Paris , le magnifique château de Gondreville ; il maria l' une de ses filles à l' un des Keller , banquier à Paris , l' autre au maréchal duc de Carigliano .
Grévin , lui , riche de quinze mille livres de rentes , possède la maison où il achève sa paisible vie en économisant , et il a géré les affaires de son ami , qui lui a vendu cette maison pour six mille francs .
Le comte de Gondreville a quatre - vingts et Grévin soixante - seize ans . Le pair de France se promène dans son parc , l' ancien notaire dans le jardin du père de Malin . Tous deux , enveloppés de molleton , entassent écus sur écus .
Aucun nuage n' a troublé cette amitié de soixante ans . Le notaire a toujours obéi au conventionnel , au conseiller d' État , au sénateur , au pair de France . Après la révolution de Juillet , Malin , en passant par Arcis , dit à Grévin : " Veux - tu la croix ? - Qué que j' en ferais ? " répondit Grévin .

LE DEPUTE D ARCIS (VIII, politi)
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