----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

" J' ai cru deviner que , depuis la révolution de Juillet , répondit Mme Marion à son frère , Mme Beauvisage aspire à vivre à Paris . Forcée de rester ici tant que vivra son père , elle a reporté son ambition sur la tête de son futur gendre , et la belle dame rêve les splendeurs de la vie politique .
- Aimerais - tu Cécile ? dit le colonel à son fils .
- Oui , mon père .
- Lui plais - tu ?
- Je le crois , mon père ; mais il s' agit aussi de plaire à la mère et au grand - père . Quoique le bonhomme Grévin veuille contrarier mon élection , le succès déterminerait Mme Beauvisage à m' accepter , car elle espérera me gouverner à sa guise , être ministre sous mon nom ...
- Ah ! la bonne plaisanterie ! s' écria Mme Marion . Et pour quoi nous compte - t - elle ? ...
- Qui donc a - t - elle refusé ? demanda le colonel à sa soeur .
- Mais , depuis trois mois , Antonin Goulard et le procureur du Roi , M . Frédéric Marest , ont reçu , dit - on , de ces réponses équivoques , qui sont tout ce qu' on veut , excepté un oui !
- Oh ! mon Dieu ! fit le vieillard en levant les bras , dans quel temps vivons - nous ? Mais Cécile est la fille d' un bonnetier , et la petite - fille d' un fermier . Mme Beauvisage veut - elle donc avoir un comte de Cinq - Cygne pour gendre ?
- Mon frère , ne vous moquez pas des Beauvisage . Cécile est assez riche pour pouvoir choisir un mari partout , même dans le parti auquel appartiennent les Cinq - Cygne . J' entends la cloche qui vous annonce des électeurs , je vous laisse et je regrette bien de ne pouvoir écouter ce qui va se dire ~’ "
Quoique 1839 soit , politiquement parlant , bien éloigné de 1847 , on peut encore se rappeler aujourd' hui les élections qui produisirent la coalition , tentative éphémère que fit la Chambre des députés pour réaliser la menace d' un gouvernement parlementaire ; menace à la Cromwell qui , sans un Cromwell , ne pouvait aboutir , sous un prince ennemi de la fraude , qu' au triomphe du système actuel où les chambres et les ministres ressemblent aux acteurs de bois que fait jouer le propriétaire du spectacle de Guignol , à la grande satisfaction des passants toujours ébahis .

LE DEPUTE D ARCIS (VIII, politi)
Page: 721