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à chaque battement de ton coeur , le mien te verse ses trésors , j' effeuille sur toi toutes les roses de mon âme comme les enfants les sèment devant l' autel au jour de la fête de Dieu . Je te recommande aux souvenirs dont je t' accable , je voudrais t' infuser mon sang pour que tu fusses bien à moi , pour que ta pensée fût ma pensée , pour que ton coeur fût mon coeur , pour être tout en toi .
Tu as laissé échapper un petit murmure comme une douce réponse .
Sois toujours calme et belle comme tu es calme et belle en ce moment . Ah ! je voudrais posséder ce fabuleux pouvoir dont parlent les contes de fées , je voudrais te laisser endormie ainsi pendant mon absence et te réveiller à mon retour par un baiser .
Combien ne faut - il pas d' énergie et combien ne faut - il pas t' aimer pour te quitter en te voyant ainsi ! Tu es une Espagnole religieuse , tu respecteras un serment fait pendant le sommeil , et où l' on ne doutait pas de ta parole inexprimée .
Adieu , chère , voici ta pauvre Fleur des pois emportée par un vent d' orage ; mais elle te reviendra pour toujours sur les ailes de la fortune .
Non , chère Ninie , je ne te dis pas adieu , je ne te quitterai jamais . Ne seras - tu pas l' âme de mes actions ? L' espoir de t' apporter un bonheur indestructible n' animera - t - il pas mon entreprise , ne dirigera - t - il point tous mes pas ? Ne seras - tu pas toujours là ? Non , ce ne sera pas le soleil de l' Inde , mais le feu de ton regard qui m' éclairera .
Sois aussi heureuse qu' une femme peut l' être sans son amant .
J' aurais bien voulu ne pas prendre pour dernier baiser un baiser où tu n' étais que passive ; mais , mon ange adoré , ma Ninie , je n' ai pas voulu t' éveiller .
à ton réveil , tu trouveras une larme sur ton front , fais - en un talisman ! Songe , songe à qui mourra peut - être pour toi loin de toi ; songe moins au mari qu' à l' amant dévoue qui te confie à Dieu .
"
RÉPONSE DE LA COMTESSE DE MANERVILLE
à SON MARI

CONTRAT DE MARIAGE (III, privé)
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