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Ne trouve - t - on pas de grandes voluptés à cacher à la personne aimée le prix de ce qu' elle souhaite ? Je puis t' avouer ces secrets . Je serai loin de toi quand tu tiendras ce papier chargé d' amour . Si je perds les trésors de ta reconnaissance , je n' éprouve pas cette contraction au coeur qui me prendrait en te parlant de ces choses .
Puis , ma bien - aimée , n' y a - t - il pas quelque savant calcul à te révéler ainsi le passé ? n' est - ce pas étendre notre amour dans l' avenir ? Aurions - nous donc besoin de fortifiants ? ne nous aimons - nous donc pas d' un amour pur , auquel les preuves sont indifférentes , qui méconnaît le temps , les distances , et vit de lui - même ? Ah ! Natalie , je viens de quitter la table où j' écris près du feu , je viens de te voir endormie , confiante , posée comme une enfant naïve , la main tendue vers moi .
J' ai laissé une larme sur l' oreiller confident de nos joies .
Je pars sans crainte sur la foi de cette attitude , je pars afin de conquérir le repos en conquérant une fortune assez considérable pour que nulle inquiétude ne trouble nos voluptés , pour que tu puisses satisfaire tes goûts .
Ni toi ni moi , nous ne saurions nous passer des jouissances de la vie que nous menons .
Je suis homme , j' ai du courage : à moi seul la tâche d' amasser la fortune qui nous est nécessaire .
Peut - être m' aurais - tu suivi ! Je te cacherai le nom du vaisseau , le lieu de mon départ et le jour . Un ami te dira tout quand il ne sera plus temps . Natalie , mon affection est sans bornes , je t' aime comme une mère aime son enfant , comme un amant aime sa maîtresse , avec le plus grand désintéressement .
à moi les travaux , à toi les plaisirs ; à moi les souffrances , à toi la vie heureuse .
Amuse - toi , conserve toutes tes habitudes de luxe , va aux Italiens , à l' Opéra , dans le monde , au bal , je t' absous de tout . Chère ange , lorsque tu reviendras à ce nid où nous avons savouré les fruits éclos durant nos cinq années d' amour , pense à ton ami , pense à moi pendant un moment , endors - toi dans mon coeur .
Voilà tout ce que je te demande . Moi , chère éternelle pensée , lorsque , perdu sous des cieux brûlants , travaillant pour nous deux , je rencontrerai des obstacles à vaincre , ou que , fatigué , je me reposerai dans les espérances du retour , moi , je songerai à toi , qui es ma belle vie .
Oui , je tâcherai d' être en toi , je me dirai que tu n' as ni peines ni soucis , que tu es heureuse .

CONTRAT DE MARIAGE (III, privé)
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