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- Elle est toujours belle , dit Paul . La vie de la campagne la conserve bien , je n' irai pas lui dire adieu , elle se saignerait pour moi .
- Vous iriez vainement , elle est à Paris . Elle y arrivait peut - être au moment où vous en partiez .
- Elle a sans doute appris la vente de mes propriétés , et vient à mon secours . Je n' ai pas à me plaindre de la vie . Je suis aimé , certes , autant qu' un homme peut l' être en ce bas - monde , aimé par deux femmes qui luttaient ensemble de dévouement ; elles étaient jalouses l' une de l' autre , la fille reprochait à la mère de m' aimer trop , la mère reprochait à la fille ses dissipations .
Cette affection m' a perdu .
Comment ne pas satisfaire aux moindres caprices d' une femme que l' on aime ? le moyen de s' en défendre ! Mais aussi comment accepter ses sacrifices ? Oui , certes , nous pouvions liquider ma fortune et venir vivre à Lanstrac ; mais j' aime mieux aller aux Indes et en rapporter une fortune que d' arracher Natalie à la vie qu' elle aime .
Aussi est - ce moi qui lui ai proposé la séparation de biens . Les femmes sont des anges qu' il ne faut jamais mêler aux intérêts de la vie .
"
Le vieux Mathias écoutait Paul d' un air de doute et d' étonnement .
" Vous n' avez pas d' enfants ? lui dit - il .
- Heureusement , répondit Paul .
- Je comprends autrement le mariage , répondit naïvement le vieux notaire . Une femme doit , selon moi , partager le sort bon ou mauvais de son mari . J' ai entendu dire que les jeunes mariés qui s' aimaient comme des amants n' avaient pas d' enfants .
Le plaisir est - il donc le seul but du mariage ? N' est - ce pas plutôt le bonheur et la famille ? Mais vous aviez à peine vingt - huit ans , et Mme la comtesse en avait vingt ; vous étiez excusable de ne songer qu' à l' amour .
cependant , la nature de votre contrat et votre nom , vous allez me trouver bien notaire ? tout vous obligeait à commencer par faire un bon gros garçon .

CONTRAT DE MARIAGE (III, privé)
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